« Un si petit oiseau » de Marie Pavlenko

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Résumé :
« Elle ferme les yeux, écoute la nuit, elle sent battre le cœur de la Terre, sous elle, celui des hommes, des arbres, des animaux, ce cœur nocturne qui bat depuis le commencement, qui battra après elle. Elle appartient à ce monde immense. Et son bras, peut-être, alors, est dérisoire. »
Après un accident de voiture qui l’a laissée meurtrie, Abigail rentre chez elle. Elle ne voit plus personne. Son corps mutilé bouleverse son quotidien, sa vie d’avant lui est insupportable. Comment se définir quand on a perdu ses repères, qu’on ne sait plus qui on est, que la douleur est toujours embusquée, prête à exploser ? Grâce à l’amour des siens. Grâce aux livres. Grâce à la nature, au rire, aux oiseaux. Avec beaucoup de patience, peu à peu, Abi va réapprendre à vivre.

 ★ Merci aux Editions Flammarion pour cette lecture ★
Lecture effectuée pour une rencontre Babelio

☆ AVIS DE BELI ☆

J’ai lu pour la première Marie Pavlenko avec une romance où elle donnait vie à la mort : La mort est une femme comme les autres. Un roman que j’ai bien apprécié lire, ma rencontre avec l’auteure m’a convaincu qu’elle était une femme appréciable et pleine de vie. Je l’ai ensuite découvert en YA avec Je suis ton soleil, un roman très touchant qui m’a agréablement surprise, confirmant ainsi que j’aimais lire sa plume. C’est donc un peu les yeux fermés que j’ai sauté sur la proposition de Babelio de découvrir son nouveau roman, pour pouvoir aussi encore une fois la rencontrer. J’ai vu que certaines l’ont déjà lu et grandement apprécié, alors je me suis lancée sans crainte dans la lecture de celui-ci.

Dès le départ, on se sent forcément impliquée et attachée à cette jeune femme qui a un accident de la route avec sa mère. Marie Pavlenko nous le décrit tel qu’elle l’a ressenti et nous comprenons de suite qu’elle va perdre son bras et vivre ainsi un grand bouleversement dans sa vie. Un si petit oiseau, c’est l’histoire d’une jeune femme de vingt ans qui va devoir ré apprendre à vivre avec un membre en moins : tout dans sa vie va être bouleversée et elle va devoir repenser toute sa façon d’être.

La façon dont elle a su se couper des autres n’a rien d’étonnant, il lui a fallu faire face à l’inacceptable et à des conditions physiques très déstabilisantes. Comment alors afficher une quelconque joie de vivre ou envie de s’exhiber face à ceux qui l’ont connu entière, c’est ainsi qu’elle va se couper de tous ceux qui étaient proches d’elle. Le hasard va la mettre sur le chemin d’un jeune homme qui fut son ami en primaire et au collège, il a bien changé depuis et est ravi de la voir, mais se rend bien vite compte de son état. Abi se rappelle que le regard des autres changent quand ils se rendent compte que son bras n’est plus qu’un morceau de plastique mort. Et pourtant ce jeune homme va jouer un rôle important dans la vie de Abi, à travers quelques livres et une présence qui prend de plus en plus de place dans son quotidien.

En parcourant son quotidien et la façon dont ses journées se déroulent, sans but certain car elle a du tout abandonner : ses perspectives d’avenir dans le milieu vétérinaire étant mises à mal par la perte de son bras, Abi nous raconte ce qu’elle vit. Nous traversons avec elle les épreuves liées à ce manque d’une partie d’elle, comment se sentir entière quand une partie de soi indispensable nous a été subitement enlevée. Nous oeuvrons aussi auprès de sa famille : sa mère qui a vécu cet accident avec elle, et qui se sent coupable et a ce besoin d’être sans cesse auprès d’elle. Son père qui lui, pare la tristesse par l’humour, un humour décalé à la façon d’un homme maladroit mais aimant et présent. Abi a une jeune soeur de quinze ans, qui voit sa vie changer suite à cet accident : un déménagement, beaucoup moins d’attention sur elle, elle a aussi perdu sa soeur d’une certaine façon et elle vit son adolescence en colère de l’attention qui est reportée sur sa soeur. Il y a aussi sa tante, qui a un humour aussi particulier que celui du père, ils ne sont pas frère et soeur pour rien, deux personnages que j’ai beaucoup apprécié et qui savent à leurs façons, démontrer qu’ils tiennent aux autres et les aiment. Une famille qui nous permet de vivre cet handicap de différents points de vue, de ceux des parents qui s’inquiètent pour l’avenir de leur fille à celui de cette jeune soeur un peu paumée face à ce qui se passe en passant aux autres qui restent très présents et importants pour Abi.

Aurèle, ce jeune homme, cet ancien camarade qu’elle retrouve, va lui permettre d’avancer petit à petit vers une réhabilitation dans le monde qui l’entoure. C’est à travers sa passion de la nature et des oiseaux, qu’il va réussir à la sortir de chez elle pour qu’elle puisse s’épanouir petit à petit de nouveau. Abi continuera de douter de tout, d’elle, de cette absence qui l’accompagne et ne la quitte pas, de ses capacités à réussir à faire quoique se soit, son avenir est incertain. Mais il va le temps de leurs moments partagés lui permettre d’oublier et c’est ainsi qu’il deviendra celui qui changera sa vision des choses. Ce roman est un bel hymne à l’espoir et à l’acceptation de soi, il est difficile d’envisager sa vie quand elle change du tout au tout ainsi. Le regard des autres changent, nos capacités aussi et il faut un long voyage pour parvenir à voir le positif dans ce qu’il nous reste de notre vie.

Marie Pavlenko a su encore une fois trouver les mots pour nous attacher à son personnage, que nous accompagnons tout du long. Nous comprenons aisément ce qu’elle vit, j’ai versé à de nombreuses reprises des larmes à ressentir les émotions qui l’assaillent dans des moments où elle s’est sentie si perdue. Elle écrit parfaitement bien l’état d’esprits de ses jeunes personnages, un genre qui lui va bien et elle a su me toucher plus que de raisons en nous proposant de connaitre Abi. C’est un très beau roman, dans lequel le rire, le sourire, l’espoir, l’amour et la compréhension de l’autre se mêlent pour nous faire passer un très bon moment. Si j’ai aimé lire Je suis ton soleil, ici Marie Pavlenko signe une petite merveille que j’ai adoré et qui m’a profondément touché par bien des aspects.

« Un si petit oiseau » de Marie Pavlenko
Editions Flammarion Jeunesse le 02/01/2019 : 400 pages

NOTE : 5/5

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