Tiens bon de Nina LaCour

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Résumé de l’éditeur :
Cette nuit-là, Ingrid a promis à Caitlin qu’elle la suivrait où qu’elle aille.
Pourtant, le lendemain matin, Ingrid était partie… pour toujours.
Le suicide de sa meilleure amie percute Cailtin de plein fouet. Comment continuer à vivre sans les rires, la complicité, les sessions photo dans le cinéma désaffecté et les secrets qu’elles partageaient au quotidien ? Et surtout, pourquoi ? Se lever le matin ressemble désormais à un challenge impossible. Pourtant, il faut bien retourner au lycée…
Le seul indice qu’Ingrid a laissé derrière elle, c’est son journal.
Peut-être Caitlin saura-t-elle comprendre ce que son amie a traversé et pourquoi elle a pris une telle décision ? Au fil des pages, elle devra affronter la vérité, mais aussi ses propres démons…

 ★ Merci aux Editions Hugo Roman pour ce SP ★

☆ AVIS DE BELI ☆

Ce roman, j’ai envie de vous en parler de deux façons, vous parler de son histoire bien sur mais avant cela, j’évoquerai le livre en lui-même. Pour cette sortie dans la collection New Way, la première chose qui m’a interpellé quand j’ai vu le livre, c’est son aspect en tant qu’objet. La couverture a un papier mat, avec un grain particulier et cela intercepte tout de suite le regard. A ce moment-là, on n’a qu’une envie, c’est la toucher et j’ai apprécié le contact de ce grain quand je l’ai eu en main. Au delà de ce premier aspect très agréable et qui change, le contenu a lui aussi bénéficié d’un traitement graphique particulier avec des illustrations qui accompagnent le texte et des typographies qui changent selon ce qui est abordé. Le roman a une identité visuelle marquée, qui ajoute un petit plus au texte fort appréciable.

Ce texte Young Adult aborde le thème du suicide à travers un personnage féminin, Caitlin, qui est celle qui reste. Caitlin est une jeune adolescente, elle vit chez ses parents, est fille unique et va au lycée. Son monde s’écroule quand sa meilleure amie, Ingrid, met fin à ses jours, elle se retrouve du jour au lendemain, privée de sa moitié, de celle avec qui elle a tout vécu et ce sans explication. Ce dernier point créé le plus grand vide possible en elle, car elle se demande et s’interroge sur tout ce qu’elles ont vécu. Qu’a-t-elle loupé ? Qu’aurait-elle pu faire ? Tant de questions, qui insinuent le doute en elle, serait-elle responsable d’une manière ou d’une autre ? C’est alors que ce vide l’accable et qu’elle ne sait plus comment réagir, qu’elle va tomber sur le journal de sa meilleure amie, laissé sous son lit. Sa vie semble être sur pause et il lui faudra du temps pour qu’elle se remette en marche.

Le récit va nous conter la façon dont Caitlin va vivre les moments qui suivent le décès de sa meilleure amie, saison après saison, l’auteure nous expose son année qui suit, pour que nous puissions l’accompagner dans cette vie qui continue, ou plutôt qui tente de continuer d’être. Le roman est découpé selon les saisons, de façon évolutive, nous avançons dans le temps, très marqué pour comprendre la façon dont le deuil va se faire chez la jeune fille. Le tout en cherchant des réponses et ce de différentes façons. Caitlin va lire ce journal, mais par intermittence, pas d’un coup, elle devra à chaque lecture, se remettre, encaisser ce qu’elle apprend de celle qu’elle croyait si bien connaitre. Elle va passer par plusieurs phases, calquant parfois ses réactions sur celles qu’a eu son amie, agissant ainsi par impulsivité à un moment où elle n’a pas su le faire avant, peut être pour essayer de comprendre ce que Ingrid a pu ressentir à ce moment-là !? Elle est alors dans cette phase où elle cherche, elle tâtonne sans savoir où elle va.

L’un des sentiments qui prédomine, c’est de constater que Caitlin se perd suite à la perte de son amie. Elle ne sait plus qui elle est, ce qu’elle est, ce qu’elle aime et se laisse aller, sans réagir, pensant qu’après tout, c’était Ingrid qui dictait tout ce qu’elles faisaient. Elle se lève, va en cours et elle se demande si ce qu’elle a vécu, l’a été par elle ou par et pour Ingrid. Elle va vivre cette longue période de flottement où elle s’interrogera sur elle-même, ses passions, ses sentiments, son but. Elle va devoir faire face au cheminement de ses pensées, elle va devoir faire le deuil d’Ingrid pour ensuite la laisser partir pour qu’elle, puisse avancer de nouveau et penser en tant que telle, elle Caitlin, et non plus Caitlin et Ingrid. C’est un peu une quête d’identité, à travers sa recherche de tout ce qu’il s’est passé, un besoin de se reconstruire quand on nous a ôté une partie de nous. Elle va aussi se rendre compte qu’autour d’elle, on continue d’interagir avec elle, que certaines personnes tentent de l’approcher pour une raison ou une autre : travail en commun, amitié, amour et bien d’autres choses encore.

Elle s’est retrouvée seule, mais elle se retrouve aussi face à des camarades de classes, qu’elle connait depuis toujours, qui connaissaient Ingrid. Certains s’interrogeront, d’autres auront de la compassion pour elle, Avec le temps, Caitlin va sortir de sa coquille, de cette bulle dans laquelle elle s’est enfermée. Elle va constater que la vie continue certes, mais qu’elle n’est pas seule et surtout face au deuil. D’autres qu’elle, ont perdu quelqu’un, et certains ont perdu surtout Ingrid : pour l’un de ces amis, Ingrid était une potentiel petite amie, vers qui il n’a jamais fait le premier pas par exemple, attendant le bon moment mais maintenant c’est trop tard. Il y a ce professeur de photographie, passion qui réunissait les deux jeunes filles, qui réagit de telle façon que Caitlin se pose beaucoup de questions sur cette passion justement. Les écrits d’Ingrid, qui s’adressaient alors à tous ceux qui comptent autour d’elle, prennent du sens et ne sont pas si innocents que cela puisqu’ils permettront d’aider ceux qui restent.

La lecture de ce roman est assez émouvante, car nous sommes en compagnie d’une jeune fille un peu paumée dans ce qu’elle vit. Elle va commettre quelques erreurs dans ses réactions, et vit cette période où elle se cherche de bien des façons, vivant certains moments par procuration en souvenir de sa meilleure amie sans le vouloir réellement, en vivant d’autres, lorsqu’elle arrive à être de nouveau elle-même. C’est un récit très intimiste car nous sommes au plus proche de Caitlin, tout se passe à travers son regard, ses pensées et la façon dont elle vit tout cela. Plus le temps passe, plus elle ouvre les yeux et plus elle voit les choses, constatant ainsi qu’elle n’est pas seule.

C’est un très beau roman, d’abord en tant que livre-objet, j’ai adoré le lire, le tenir en main, la couverture est très agréable et cet aspect du papier différent m’a beaucoup plu. Ensuite le récit est beau aussi, plein de vérités sur ce que vivent ceux qui restent, après la mort de quelqu’un, d’autant plus quand celle-ci est au départ, sans explication. Le cheminement du deuil se fait différemment selon chacun, et ici Caitlin va prendre le temps de faire son deuil à sa façon. Il y a aussi beaucoup de respect vis à vis de cette situation et des divers façons d’y réagir. Le texte n’en est que plus beau encore car il n’y a aucun jugement, juste un accompagnement, une main tendue vers cette jeune fille et tous ceux qui autour d’elle, vivent ce moment douloureux. Ce texte, c’est une façon d’exposer le suicide, un acte qui touche de plus en plus de jeunes personnes, qui ne se confient pas sur ce qu’ils vivent.

Tiens bon
De Nina LaCour
Editions Hugo Roman
Collection New Way
Broché 270 pages
Sortie le 17/10/2019

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