« S’il fallait se dire adieu » de Madeleine Reiss

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Résumé :
Scott souffre d’une insuffisance cardiaque et ses derniers examens ne sont pas bons… Mourir à 19 ans, le jeune homme s’y prépare, mais d’abord, il est déterminé à offrir à sa mère une seconde chance en amour et se lance pour elle dans la quête de l’homme idéal en postant une vidéo sur les réseaux sociaux. Ignorant tout de son projet et incapable de refuser quoi que ce soit à son fils, Josie accepte les rendez-vous et va de déconvenue en déconvenue. Or, ce que Scott ignore encore c’est qu’il ne peut pas prévoir l’imprévisible.

 ★ Merci aux Editions Milady pour ce SP ★

☆ AVIS DE BELI ☆

S’il fallait se dire adieu, un roman dont le titre parle de lui-même, à la lecture du résumé, je savais qu’il allait d’une manière ou une autre me toucher. Je savais aussi que mon coeur allait souffrir, mais je ne résiste pas à ce genre de lecture, car elles sont le reflet de bien des situations que vivent les gens dans leur vie. J’ai besoin de temps en temps de me confronter à ce type d’histoires et elles sont en général, si merveilleusement bien écrites qu’elles sont des romans bien beaux.

L’amour, celui qu’une mère peut éprouver pour son enfant, celui qu’un enfant éprouve pour sa mère. L’amour transcende les pages de ce roman, il fait écho en nous, nous rappelant ce propre amour que nous pouvons nous même éprouver pour ceux qui nous sont chers. Madeleine Reiss l’inscrit d’emblée dès le début du roman, et c’est auprès d’une mère et de son fils qui s’aiment si fort que nous allons parcourir les pages de ce livre.

Josie est maman d’un jeune homme de dix-neuf ans, qui vient de partir à l’université. Elle a vécu une vie toujours très proche de son fils, qui souffrait d’une insuffisance cardiaque. Elle a donc toujours du être très présente pour lui, un lien très fort les unit, surtout que le père de Scott l’a quitté alors qu’elle était enceinte. Depuis que son fils n’est plus là, elle se sent démunie, seule et vide. Elle n’a jamais refait sa vie, ayant consacré la sienne à son fils et à sa maladie. Un sacrifice, certes mais qu’elle ne regrette pas, car on ne regrette pas d’avoir consacrer son temps à cet amour qui unit un enfant à sa mère. Mais maintenant qu’elle est seule, elle voudrait qu’il soit encore là, cet enfant qui a toujours eu besoin d’elle. Elle est heureuse de le voir prendre son envol et de le voir aussi profiter de la vie qu’il a failli perdre, mais elle se sent alors privée d’une partie d’elle même et la vie a une saveur différente maintenant qu’il ne vit plus auprès d’elle.

Scott a donc dix-neuf ans et est étudiant en biologie à Londres. C’est un jeune homme qui vit depuis quelques mois loin de sa mère, en collocation, comme chaque jeune de son âge, il profite de ses années de liberté. Il profite des fêtes, des soirées, des rencontres, bien qu’il soit toujours bien sage, sa santé ne lui permettant pas les excès. C’est un jeune homme posé et très mature, appréciable, agréable, c’est un bon fils mais aussi un bon ami. Mais il apprend bien vite par son médecin qu’il y a un soucis avec son coeur, et il se retrouve confronté à ces angoisses qu’ils ont connu depuis l’âge de sept ans quand on a diagnostiqué son coeur malade. Maintenant, il sait aussi qu’il n’y a plus rien à faire, ce coeur ne tiendra pas éternellement et lui se voit confronter à la dure épreuve de devoir l’annoncer à sa mère. Il essaiera à plusieurs reprises lors de ses visites mais ne pourra pas s’y résoudre à trouver le bon moment ou tout simplement les mots. Il va par contre, se rendre compte de l’importance que sa mère lui donne et se dit que quand il ne sera plus là, elle sera seule. Il prend alors la décision de trouver quelqu’un, un homme pour s’occuper d’elle, quelqu’un qui lui corresponde bien.

Voilà déjà une bien belle histoire en soit, à cela ajoutez la plume de Madeleine Reiss qui transcende les sentiments et cet amour si beau et vous avez alors une lecture somptueuse et délicate. D’emblée, dès les premières pages, elle nous expose le parcours de cette mère et de son fils, depuis sa naissance jusqu’à cet âge de dix-neuf ans. Et de suite, on se prend d’amour pour eux, qui ont du traverser tant d’épreuves et qui devront encore en traverser bien d’autres. L’idée même qu’une mère puisse perdre son enfant est déjà bien douloureux à envisager mais quand on constate l’importance qu’ils ont l’un pour l’autre et l’amour qu’ils partagent, cela rend les choses encore plus difficile envisageable. Scott est un jeune homme aimant et qui tout comme sa mère, pense à l’autre, plutôt qu’à soit. Elle s’est occupée de lui toutes ces années, sans jamais penser à elle, c’est maintenant à lui  de faire en sorte qu’elle puisse ne pas être seule après, il en fait son cheval de bataille.

La double narration nous permet de découvrir ces deux personnages, deux bonnes personnes, aimantes et généreuses qui vont devoir vivre d’abord ce moment où ils se séparent car Scott devient adulte, une étape importante dans la vie d’un « enfant » tout comme dans celle d’un parent. Mais ils vont devoir aussi vivre cette prise de conscience sur leur vie actuelle puis par la suite, ce moment où ils savent que la fin est plus proche que ce qu’ils pensaient. Leurs émotions, leurs peurs, la façon dont tous deux envisagent cela nous sont alors livrés. Cela nous procure bien des sentiments à nous aussi, qui partageons ce qu’ils vivent : on peut aisément envisager ce que peut ressentir Scott alors qu’il sait qu’il ne pourra pas vivre éternellement, tout comme nous comprenons ce besoin d’une mère de sauver coûte que coûte son fils. D’autres personnages gravitent autour d’eux, la narration ne leur permet pas de s’exprimer, mais leurs réactions, leurs présences parlent d’eux même, et cela en est tout aussi touchant : l’accolade et les pleurs d’un ami, la présence d’un être aimé, la folie des moments partagés, tant de choses qui font d’eux les personnes les plus importantes pour Scott et sa mère.

Scott va se lancer dans une quête de l’amour parfait pour sa mère, elle va cumuler les rendez-vous pour lui faire plaisir, avant même de savoir qu’il ne va pas bien. Mais elle ne trouve pas chaussure à son pied, nous allons vivre auprès d’elle, bien des rencontres, des farfelues, des loufoques, des repoussants, des séducteurs, certains lui apporteront quelque chose, d’autres seront à fuir. Scott lui, rencontre une jeune femme, qui aurait pu être la bonne mais qu’il va repousser car il ne peut pas se permettre que l’on tombe amoureux de lui, il ne veut pas avoir à expliquer à l’autre, ce qu’il a vécu et ce qui l’attend. Nous les accompagnons au fil des pages que l’on tourne. La lecture de leur récit m’a beaucoup touché, par bien des aspects. Je n’ai pas pu m’empêcher de continuer à lire cette histoire, avec ce même regain d’espoir qu’éprouve cette mère face à ce qui arrive à son fils. L’auteure fait en sorte, que l’on puisse comprendre chacun d’eux, dans les espérances, leurs souhaits et envies.

C’est un roman que j’ai trouvé poignant, car il nous positionne dans la situation que vivent les deux personnages : il y a d’abord ce jeune homme qui sait qu’il va mourir et qui ne vit pas sa vie comme il l’entend de peur que l’on s’attache à lui pour ensuite disparaitre. Il pense énormément à sa mère qui se retrouvera aussi seule quand il ne sera plus là, alors qu’elle lui a offert tant d’années, sans même penser à elle. C’est déchirant de le lire et de suivre le cheminement de ses pensées. Il y a aussi cette mère, en tant que mère moi même, je comprends parfaitement ce qu’elle ressent et ce qu’elle a fait toutes ces années. Elle s’est oubliée pour se concentrer uniquement sur son fils, et c’est ainsi qu’agit une mère par amour. La voir là, désemparée, apeurée, seule et si triste, ce sont des sentiments qui me parlent, et je me suis mise à sa place, en pensant à mes enfants.

Ce roman m’a profondément touchée, j’ai du même faire une pause à un moment donné, car je ne m’attendais pas à ressentir tant ce qu’ils éprouvent et ce dés le début. Alors quelque part, j’avais peur d’aller à la fin de cette histoire, peur de ne pas réussir à maitriser mes émotions. C’est un roman magnifique, où l’amour est unique et si beau, et tellement représentatif de ce qu’éprouve une mère pour son enfant et vis versa, un enfant pour sa mère, j’en suis encore toute retournée. Si j’aime aussi lire tant ce genre de romans, c’est aussi car il me rappelle qu’il faut profiter de ce qu’il nous est offert. Je pourrai en parler des heures durant, de ce qu’il a provoqué en moi, mon coeur qui s’est serré, les larmes qui ont tant coulé, de cette identification si facile aux personnages que l’on accompagne tout au long de notre lecture. Au delà de tout cela, cette lecture contient tant de petites choses, des petits trésors qui nous prouvent encore plus de la beauté de ses personnages. C’est une lecture poignante, bouleversante et si belle !

« S’il fallait se dire adieu » de Madeleine Reiss
Editions Milady le 13/03/2019 : 474 pages

NOTE : 5/5

pcc

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