Nous deux sur le toit du monde – Adèle Ninay

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Résumé de l’éditeur :
Léna n’a que vingt ans, mais sa vie est en suspens. Depuis la mort accidentelle de son premier amour, ni les sorties ni les amis ne l’intéressent. Elle ne sait d’ailleurs plus trop ce qui pourrait trouver grâce à ses yeux. Pour continuer à avancer et lutter contre les phobies qui empoisonnent son quotidien, elle s’accroche au vertige procuré par ses aventures nocturnes lorsqu’elle escalade des bâtiments urbains abandonnés.
Autant dire qu’elle n’était pas prête pour l’arrivée de Tom, qui surgit un jour dans son existence et bouleverse le système de protection qu’elle s’était construit. Le graffeur libre et insouciant aime la vie à mille à l’heure et les sorties en bande, tout ce qui tétanise la jeune femme. Comme la hauteur, Tom lui donne le vertige, une sensation terrifiante et excitante à la fois. Et Léna ne sait plus si elle doit fuir ou sauter dans l’inconnu.

 ★ Merci à Hugo New Romance pour ce SP ★

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Mon avis sur le précédent roman d’Adèle Ninay : Pas nés sous la même étoile était assez contrasté, je n’étais pas totalement ressorti convaincue par ma lecture. Mais celui-ci m’a tout de suite fait envie, et je ne suis donc pas restée sur ma première impression et j’ai voulu tenter de la lire de nouveau. Je suis un peu tombée sur le charme de cette couverture, associée à un joli titre et qui avec le résumé, donnent très envie. Cette histoire s’annonçait comme une réelle intention citadine, et cette idée me parlait bien, moi qui ne jure que par ma ville où j’aime tant vivre.

Léna est un personnage féminin très particulier à découvrir. Elle a perdu quelqu’un de proche, son premier amour et elle vit depuis isolée des autres, dans sa bulle de solitude et dans un monde peu enclin à laisser entrer qui que se soit. Ce qu’elle aime, ce sont ces virées nocturnes dans des lieux interdits, fermés au public, abandonnés ou encore en construction. L’attrait de l’interdit, le côté sauvage de l’isolement vis à vis des autres, ce besoin de s’effacer, elle ressent cette nécessité de prendre de la hauteur, non au point d’être suicidaire mais par contre en prenant quelques risques tout de même qui pourraient lui être fatale.  Elle s’interdit aussi tout plaisir et tout bonheur, se sentant responsable de la perte de son petit ami et donc redevable en s’empêchant d’être heureuse, une intention légitime que connaissent beaucoup de monde face au décès d’un être cher mais qui peut aussi devenir lourde et pesante. C’est ainsi que si l’on comprend bien ce qu’elle ressent, on peut toutefois avoir envie par moments de la secouer, surtout quand l’histoire a bien évolué et qu’elle continue de fermer les yeux.

Autour d’elle vont graviter trois personnages, Annabelle, Sam et Tom. Sam est son collègue de travail, c’est un personnage très drôle que j’ai beaucoup aimé lire. En plus de cet humour, il est aussi quelqu’un de prévenant qui va la soutenir, être présent et il est indispensable dans la vie qu’elle mène. Entrent ensuite dans sa vie deux personnages, d’abord une jeune femme tout l’opposé de Léna, Annabelle très dynamique, exubérante, un peu folle puis un jeune homme graffeur, Tom, celui qui fera chavirer son coeur, alors qu’elle ne s’en donne pas le droit. Si Annabelle entraine Léna à aller au delà de ses limites, et qu’elle peut paraitre parfois trop envahissante, on comprend vite la place qu’elle va occuper dans la vie de Léna. Tom est un jeune homme dont j’aurai adoré avoir le point de vue, pour en savoir encore plus sur lui, malgré cette absence de narration de sa part, il nous est de suite bien appréciable. Il est attirant, rebelle et il vit chaque instant avec cette envie d’être libre. Il vit sa vie au jour le jour, bravant l’interdit en apposant sa marque sur des lieux qu’on lui refuse d’être marqués, il a une certaine vision de la vie assez intéressante. Je l’ai beaucoup aimé, il est la patience même, impressionnant face à Léna qui se refuse tant à lui, alors que de son côté, il n’a pas peur de ce qu’il éprouve.

A travers ses personnages, Adèle Ninay aborde bien des thèmes liés à leurs passions bien entendu, mais aussi à quelques aspects psychologiques rattachés au deuil notamment. Quand Léna a perdu Ben, son petit ami, tout a cessé d’être pour elle. Elle n’a pas su vivre les différentes étapes du deuil comme il aurait fallu, et elle est restée dans un aspect très coupable où elle n’accepte pas que cela se soit produit, et que c’est de sa faute. Elle a alors développé quelques réactions psychologiques qui aujourd’hui l’handicape encore plus, et l’isolent des autres. On abordera alors tout cet aspect psychologique et ce afin de mieux comprendre de quelles façons la jeune femme vit, et aussi pourquoi elle s’interdit tant de choses, jusqu’à la possibilité d’être heureuse. On passera alors par bien des étapes importantes, tantôt marquant une évolution, tantôt un énorme pas en arrière, rien qui ne soit facile. Les émotions viendront ébranler les personnages et le lecteur en s’y associant et nous les accompagnerons ainsi le temps que tout cela se fasse.

Ce que j’ai trouvé intéressant dans ce roman, c’est la façon dont je m’y suis intéressée graduellement. Au début de ma lecture, j’y étais un peu perdue, pensant que le courant n’allait pas passer, un peu en décalage par rapport à certaines réactions des personnages. Peut-être est-ce aussi la narration unique qui a créé une sorte de faussé un peu difficile à passer entre les personnages et le lecteur, moi en l’occurence. Mais au fil des pages que je tournais, j’ai fini assez rapidement par me construire un petit chemin qui m’a permis de me sentir plus proche des personnages. Ils nous font découvrir leur monde, l’Urbex, le graff et la photographie, un monde artistique qui n’est pas sans rappeler que l’artiste est quelqu’un d’à part. Souvent incompris, mais aussi admiré, il doit faire avec la façon dont il est perçu mais sans toutefois se laisser influencer négativement. Ici, ils nous embarquent dans leur univers où la ville prend tout son sens et se livre à nous. Si j’ai été happée à un moment donné aussi, c’est que les lieux évoqués par Adèle Ninay m’ont parlé, puisque l’action se déroule dans le coin où j’habite. Les lieux ont donc une signification particulière et j’ai aimé la façon dont elle en a parlé, elle y a parfaitement bien décrit les sensations liées à ces endroits, et j’ai eu l’impression d’y être projetée.

Je m’attendais toutefois à plus de hauteurs, à plus de sensations fortes liées à l’Urbex et au fait de braver quelques interdits pour visiter quelques lieux abandonnés. Cela reste présent et quand ça l’est, c’est fort intéressant et représentative de ce besoin d’évasion et de solitude mais cela aurait pu être plus encore. Et en fin de compte, on est plus tourné vers l’univers de Tom qui est graffeur et que l’on suit dans ses démarches pour apposer sa marque au grès de son chemin. J’ai été par contre très sensible à tout cet aspect artistique, un univers qui me parle aussi car j’en viens et cela m’a donc entrainée et très intéressée. On ressent à merveille la sensation de faire son art sans que cela soit réellement autorisé, avec le risque encouru que l’on évoquera dans le roman, mais dicté par cette passion qui les anime alors. Lena aura le privilège de vivre cela, en marquant ces moments avec son appareil photo, encore un élément artistique très parlant, qui lui permet alors d’exprimer tant de choses.

Sur les récits que nous propose Adèle Ninay, il y a une chose que j’avais ressenti lors de ma lecture de Pas nés sous la même étoile, c’est le fait de lire un roman qui pourrait bien être un Young Adult alors qu’il est classé dans la collection New Romance. J’ai eu ce même sentiment en lisant celui-ci, peut-être parce que l’on reste dans une atmosphère de jeunes adultes qui sont en marge de la société et qui vont vivre ici des émotions fortes qui rappellent la folie de la jeunesse. Il y a aussi comme une sensation qu’ils ne soient pas encore réellement intégrés au monde des adultes. Les codes utilisés sont aussi assez proches d’un roman YA, d’autant plus que l’on reste sur une intimité assez peu évoquée, voir tout juste suggéré, ce qui pourrait en soit être d’emblée une lecture pour un plus jeune lectorat alors que dans un NA, on a toutefois tendance à avoir plus de descriptions sur ces moments. Ce dernier point ne m’a absolument pas gêné toutefois, car j’ai trouvé que la façon dont leur histoire se déroule se suffit à elle-même, c’était juste pour mettre l’accent sur la possible appartenance à un roman limite YA.

Pour conclure, ce roman m’a beaucoup plus plu que le précédent, je m’y suis sentie un peu chez moi, je crois que ça a du beaucoup jouer ! Entre les lieux qui sont ceux qui m’entourent, et les univers que l’on aborde auxquels je ne suis pas insensible, Adèle Ninay a touché quelques cordes sensibles en moi. Après au delà de cela, j’ai apprécié découvrir ses personnages et leurs histoires, puis j’ai trouvé que le cheminement de celle-ci pouvait être le reflet d’une réalité du moment. Même si parfois, l’héroïne m’a un peu agacée, cela n’a pas perturbé mon appréciation de ce roman. La plume d’Adèle Ninay est un peu à part, après deux romans, on pourrait lui associer une signature urbaine qui caractéristique bien les univers et le genre qu’elle nous propose. On la sent bien imprégnée des univers qu’elle aborde et cela nous en rend la lecture que plus immersive encore. Ce roman a répondu à mes attentes, j’ai eu un bon feeling en choisissant de le lire et je ne le regrette pas.

Nous deux sur le toit du monde
De Adèle Ninay
Editions Hugo publishing
Collection New Romance
Broché 332 pages
Sortie le 17/03/2022

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