« La première fois qu’on m’a embrassée, je suis morte » de Colleen Oakley

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Résumé :
Fantasque et drôle, Jubilee Jenkins souffre d’un mal extrêmement rare : elle est allergique au contact humain (pour résumer aux gens). Après un épisode qui a failli lui coûter la vie, elle décide de ne plus sortir de chez elle. Mais à la mort de sa mère, Jubilee doit affronter le monde et les gens. Elle trouve refuge à la bibliothèque municipale, où elle décroche un travail, et y rencontre Eric Keegan, un homme divorcé qui vient de s’installer en ville avec son fils adoptif, un petit génie perturbé. Bien qu’il ne comprenne pas pourquoi Jubilee le tient à distance, il est sous le charme… Ces trois-là n’étaient pas destinés à se croiser et pourtant seule leur rencontre va leur permettre de s’ouvrir à la vie et à l’amour, formant ainsi un trio irrésistible.

 ★ Merci à Editions Milady pour ce SP ★

Prix des lectrices 2019 Milady

☆ AVIS DE BELI ☆

Un sujet qui interpelle, car il est impensable de concevoir que l’on puisse vivre avec ce risque que tout contact avec une autre personne puisse vous faire mourir. C’est ainsi que nous allons découvrir quelle est la vie de l’héroïne de ce roman : Jubilee.

L’auteure nous propose ce roman selon une double narration, d’un côté Jubilee et de l’autre, un personnage masculin, Eric. Jubilee approche de la trentaine et cela fait presque dix ans qu’elle n’a plus jamais eu un seul contact avec qui que soit, elle vit recluse jusqu’au jour où elle n’a plus le choix, elle doit trouver un travail. Nous appréhendons quelle est sa vie actuelle et de quelles façons elle en est venue à vivre ainsi, retirée de la société. C’était une enfant brillante, mais qui n’a pas pu vivre correctement auprès des autres, car elle avait une allergie au contact peau à peau avec les autres. Lors de son premier baiser, elle a fait un choc anaphylactique et depuis elle n’est plus jamais ressortie de chez elle, elle avait dix-sept ans. Quelques mois après, sa mère partait vivre ailleurs en la laissant seule. Sa vie ne se résume qu’à la lecture et au début nous ne faisons qu’appréhender sa personnalité peu expansive car nous ne savons que peu de choses sur elle.

Eric vient d’emménager dans le coin pour une durée de six mois pour son travail avec son filleul, dont il a la garde depuis le décès de ses parents. Un petit garçon de neuf ans, qui semble être en grande détresse émotive, son personnage permet d’aborder le thème du deuil chez l’enfant. Nous le suivons avec intérêt et beaucoup de compassion pour ce qu’il ressent. Face à lui, Eric enchaine les maladresses, il est papa mais semble ne pas s’en sortir alors qu’il fait de son mieux. Nous découvrons alors la personnalité de cet homme, qui commet des erreurs en n’agissant pas forcément comme il devrait mais qui tente le tout pour le tout, que cela soit auprès d’Aja ou de sa fille et ce au mieux. A travers ces deux personnages, nous apprenons à connaitre leur personnalité et l’impact que la mort de personnes proches a eu sur eux et leurs vies.

Nous sommes dès le début confrontés aux problèmes des personnages, des problèmes de maladies, d’allergies, mais qui ont aussi engendré des soucis d’ordre psychologique. Nous comprenons bien le mal être et la vie recluse qu’a du subir Jubilee, comment est-il possible de concevoir un jour pouvoir vivre comme les autres ? Cela s’avère difficile quand on ne peut pas avoir de contact direct avec eux. Quand Eric commence à montrer de l’intérêt pour elle, elle est d’abord déroutée, apeurée aussi, elle n’a jamais connu d’homme et le contact humain pourrait la tuer alors on imagine bien quelles peuvent être ses angoisses. Mais ce qui est le plus dure c’est quand elle se rend compte de tout ce qu’elle ne pourra jamais avoir avec lui, et cette rencontre et leur relation, semblent alors lui causer plus de douleurs qu’autre chose.

Jubilee va se laisser approcher par Eric et Aja, qui chacun à leurs manières vont lui apporter quelque chose. Comme une reconnaissance de quelque chose qui lui manquait et qui semble essentiel, l’amour se manifeste sous différentes formes. Et si Jubilee se sent proche de Aja, elle le sera aussi pour lui et elle l’aidera à vaincre ses angoisses. Eric va vite se sentir proche d’elle, elle semble dégagée quelque chose qui le touche et le pousse à vouloir passer plus de temps avec elle. Mais elle semble si craintive, si apeurée qu’il ne comprend pas pourquoi elle réagit ainsi à chaque fois qu’il essaye de l’approcher. Il est assez tourmenté par tous les ennuis auxquels il doit faire face et cette rencontre apporte un peu de renouveau dans sa vie et Jubilee devient vite essentielle à son bien être. Nous vivons ainsi ce rapprochement de leurs deux points de vue : celui de l’homme attiré par une femme et qui souhaiterait pouvoir la toucher mais aussi celui d’une femme, qui ressent les émotions d’une jeune fille face aux premiers émois, qu’elle n’a jamais connu. C’est touchant de voir de quelle façon elle va vivre ces instants, emplis d’émotions qui la titillent mais qui sont vite rattrapés par la réalité de sa vie : elle ne peut pas être approchée par qui que se soit et donc elle ne doit pas s’attacher.

Ce roman, c’est l’histoire de cette femme qui a vécu toute sa vie seule, sans contact et qui se retrouve projeter dans la vie réelle, celle qui la pousse à devoir avoir des contacts. Mais c’est aussi les autres personnages qui nous permettent d’aborder bien d’autres thèmes forts qui vous percutent et vous toucheront comme le deuil, l’adolescence, la paternité et la famille. C’est un roman magnifique, qui m’a profondément touchée. Il explore si bien la détresse de ses personnages que l’on ne peut que se sentir impliquée par ce qu’ils ressentent. Colleen Oakley évoque les allergies, ici avec un cas sévère et très grave qui n’est pas connu en réalité mais il nous permet d’aborder à la manière d’autres maladies, l’isolement de certaines personnes qui risquent leur vie au contact des autres. Une histoire qui m’aura touché et avec laquelle j’ai passé un bon moment de lecture.

« La première fois qu’on m’a embrassée, je suis morte » de Colleen Oakley
Editions Milady, collection Littérature le 17/01/2018 : 505 pages

NOTE : 4,5/5

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