« Ce qui ne nous tue pas … » de Carole Declercq

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Résumé :
1944, pendant l’occupation. Les Français vivent désormais dans l’espoir d’un débarquement allié et l’inquiétude gagne l’armée allemande, accentuant les crispations et les duretés perpétuées contre la population française.
Maximilian von Wreden, officier du renseignement allemand, est en poste à Paris depuis quelques mois quand il rencontre Marianne, une étudiante en philosophie de vingt et un ans. Sa peau est douce, ses lèvres sont tendres, elle réussit à apaiser ses démons intérieurs.
Ce que Maximilian ne sait pas, c’est que la jeune fille travaille en réalité pour un réseau de résistants. Elle a volontairement été jetée dans la gueule du loup pour le séduire et lui soutirer des informations sensibles. Pour elle, il est d’abord l’homme à abattre. Mais pas seulement …

☆ AVIS DE BELI ☆

Je suis dans cette période où j’ai envie de lire des romances historiques sur cette période qui m’a toujours interpellé : la Seconde Guerre Mondiale. Alors enchainer plusieurs lectures sur le même sujet peut engendrer toutes sortes de comparaisons entre chacune d’elles, on le fait systématiquement mais mes deux dernières lectures dont celle-ci sont différentes et elles m’ont toutes deux procurées de bons très moments, répondant à mes attentes.

« Ce qui ne nous tue pas… » m’a été offert à Noël à ma demande mais j’attendais le moment propice pour le lire, c’est chose faite et en temps voulu car l’auteure sera présente au Festival du Roman féminin cette semaine donc j’aurai l’occasion d’aller en discuter avec elle.

C’est une magnifique histoire d’amour qui née entre deux personnes qui n’avaient pas « le droit » de s’aimer que l’on voit se profiler dans ce récit. On commence notre lecture en 2012 auprès d’un jeune homme, qui suite à quelques soucis va se voir reléguer auprès de sa grand-mère en Allemagne. Celle-ci va lui raconter comment elle a vécu les années d’occupation des allemands en France. On retourne ainsi en 1944 à Paris, Marianne a alors 21 ans et fait partie de la résistance française.

Elle vit avec son frère Philippe, son ainé, résistant lui aussi. Leurs parents ont été tués alors qu’ils fuyaient Paris quand les allemands sont arrivés en France, leur mère est morte dans les bras de Marianne, lui laissant un souvenir impérissable de cette perte qui prend alors un goût amère contre les Boches. Marianne est une jeune femme de bonne éducation, d’un bon rang social, étudiante, d’aspect plutôt discret malgré une beauté qui ne laisse pas indifférent la gente masculine. On lui propose alors une mission importante : celle d’approcher un capitaine allemand qui travaille pour les renseignements allemands pour lui soutirer le maximum d’informations.

Ce capitaine : Maximilian von Wreden aime fréquenter les femmes françaises, le temps d’une nuit et il ne se gêne pas pour assouvir sa passion pour les femmes et l’alcool depuis qu’il est sur Paris. D’un physique qui lui attire tous les regards féminins, Marianne a la chance de se retrouver face à un homme bon et plaisant, faisant même quelques envieuses. Après une première nuit où il l’aura congédié comme une mal propre, se rendant compte à ce moment-là qu’il éprouve plus qu’une attirance pour elle et prenant peur, Marianne ne sait plus trop quoi penser, soucieuse d’avoir mis en péril sa mission. Très rapidement, il reviendra vers elle pour établir une relation plus durable que tout ce qu’il a vécu jusque là – et ce malgré les interdits, d’un côté de sa hiérarchie qui refuse qu’un allemand s’éprenne d’une française sur la durée et d’un autre côté car les françaises qui fréquentaient alors les allemands allaient fortement le payer quand ils partiront.

Tout au long du roman, on est confronté aux sentiments de Marianne, elle est clairement attirée par Maxim, elle en tombe peu à peu amoureuse mais elle a une mission à mener à bien et je l’ai trouvé tellement forte face aux situations qu’elle a vécu. Je suis admirative et si triste de ce qu’elle va vivre, elle va faire de nombreux sacrifices pour la cause, comme beaucoup mais c’est toujours déchirant. La façon dont ses sentiments sont abordés sont très vagues par rapport à la façon dont on parle de ceux de Maxim, mais cela cadre tout à fait avec son personnage qui ne doit pas se laisser déborder et dicter par ce qu’elle éprouve pour cet homme qui est « l’ennemi ». C’est une jeune femme tout en retenu, qui mène sa mission comme il se doit, on devine bien ce combat qu’elle mène à l’intérieur d’elle et c’est assez déchirant de voir cette pudeur, cette barrière qu’elle instaure dès le départ.

De son côté, Maxim est un personnage très attachant, c’est un capitaine allemand, oui mais il n’adhère pas forcément au système nazi instauré par Hitler et c’est un homme militaire qui fera tout pour que son armée puisse s’en sortir au mieux dans cette guerre qui n’a que trop duré.
Ses sentiments pour Marianne sont réels et il ne s’en cache pas, il les lui a dit, espérant pouvoir la retrouver après la guerre pour vivre avec elle. Il commettra un certain nombre d’erreurs en voulant montrer cette femme aux autres allemands, fière qu’il est de vivre cette histoire avec elle mais c’est son tempérament qui le pousse à agir ainsi au dépriment de toute raison.
On découvre énormément de choses sur lui, son passé, ses envies pour l’avenir, il parle forcément beaucoup plus que Marianne qui ne souhaite pas trop en dévoiler sur elle. L’amour qui lui parle est fort et sincère, il nous le prouvera de bien des façons.

L’auteure aborde à travers leur relation ainsi que d’autres personnages qui auront un rôle très important dans le récit, des sujets marquants de la seconde guerre mondiale comme la résistance où les femmes ont joué un rôle important. Elles ont du cacher quel était leur rôle, devant affronter le regard malveillant des français qui les prenaient pour des collaborateurs, alors qu’elles ne faisaient que défendre le pays dans l’ombre et la clandestinité. Un des passages qui m’aura le plus marqué, fut justement la façon dont les français (et là on n’est peu fière d’eux) ont réagi contre ses femmes après le départ des allemands, beaucoup d’injustices ont été commises… Certaines femmes sont tombées amoureuses, certaines ont rencontrés des hommes bons mais elles n’avaient pas le droit d’être amoureuses d’un allemand.
On aborde la présence constante et la menace que représente la Gestapo, qui surveille et puni tout manquement aux règles établies, on en frissonne toujours autant quand on lit un récit les concernant, ces hommes ont semé la terreur, même les allemands les craignaient.

Un roman qui m’avait attiré déjà par sa couverture que je trouve magnifique, puis par son résumé. J’ai vraiment beaucoup aimé ma lecture, elle est touchante par bien des aspects. Si l’emploi d’un vocabulaire un peu pointu au départ m’a quelque peu dérouté, il n’a aucunement gêné ma compréhension de l’histoire mais un petit lexique de certains mots allemands n’aurait pas été de trop.
On est à la fois tenu en haleine tout du long de notre lecture, car la condition de résistante de Marianne porte à être tout le temps aux aguets, de peur d’être découverte, mais c’est aussi avec beaucoup de douceur que l’on voit naitre leurs sentiments l’un pour l’autre. Les conditions de temps de guerre exacerbent ses sentiments, car ils ne savent pas ce que l’avenir leur réserve, ça donne une touche supplémentaire à ce qu’ils vivent.

« Ce qui ne nous tue pas … » de Carole Declercq
City Editions, Collection Terra Nova – le 19/08/2015  : 309 pages

NOTE : 5/5

pcc

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