Par le feu de Will Hill

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Résumé :
Moonbeam, 17 ans, a toujours vécu dans la secte de la Légion du Seigneur où la vie est régie par le père John car lui seul sait ce qui est bien et ce qui est mal. Ne pas sortir de la base. Ne pas parler aux Etrangers. Ne pas penser. Obéir.
Transgresser les règles, c’est s’exposer à de terribles conséquences. Mais Moonbeam doute de plus en plus de la sagesse du Père John. Les mensonges et les manipulations apparaissent. Et si le seul moyen d’échapper aux ténèbres était d’y mettre le feu?

 ★ Merci aux Editions Casterman pour ce SP ★

☆ AVIS DE BELI ☆

Un roman qui a été plébiscité par plusieurs des mes amies blogueuses, et c’est ainsi que je l’ai découvert. Les sectes est un sujet qui me passionne toujours autant et j’adore lire des romans qui nous plongent dans les vérités qui nous heurtent et ce malgré que nous ayons bien conscience de ce qu’il s’y passe.

C’est un roman, qui s’inspire de faits réels, nous rappelant l’épisode tragique de la secte de Waco, et qui nous propose une histoire qui tourne autour de cette même thématique et d’un personnage principale. La narration est unique et nous n’avons que son point de vue pour avancer petit à petit au coeur de cette secte mais aussi en constatant quel sera l’après pour les survivants. Deux périodes distinguées par l’alternance des chapitres, avant et après, qui nous guide pour comprendre tout ce qui s’est passé.

Moonbeam, c’est le personnage féminin que nous allons suivre dans ce roman. C’est à travers son regard que nous allons découvrir quelle était la vie au sein de cette secte : la Légion du Seigneur. Le roman est construit tel que nous accompagnons Moonbeam, alors qu’elle n’est plus dans la secte, mais dans un centre de suivi pédiatrique en psychologie, une cellule psychologique pour aider les survivants de la secte à comprendre ce qu’ils ont vécu et à se préparer à vivre dans la société. Moonbeam est alors âgée de dix-sept ans, et c’est à travers ses témoignages sur son passé que nous allons découvrir sa vie, de sa naissance jusqu’à ce moment. Elle n’est pas née dans la secte, et elle reste parmi les plus âgés qui ont survécu, elle est donc susceptible d’apporter le plus de précisions possibles sur la vie qu’ils menaient tous. Lors de ses séances où elle se confiera, une fois la méfiance tombée, elle sera confrontée à deux personnages : le docteur Hernandez et l’agent Carlyle, tous deux présents pour l’aider à vaincre tout ce qu’elle tente de maitriser : sentiments de culpabilité, tristesse, colère, ressentiments et tous ces secrets qu’elle garde enfuis en elle. Petit à petit, ils deviendront plus que des confidents, mais des personnes à part entière qui savent s’émouvoir, se mettre en colère, selon ce qu’elle leur confie. La progression de chaque personnage tout du long du roman est très intéressante, et primordiale pour Moonbeam.

De son vécu au sein de la secte, elle est au départ évasive et très circonspecte sur ce qu’elle raconte. Mais petit à petit avec la confiance qu’elle va leur accorder mais aussi vis à vis de sa propre opinion, elle va se dévoiler de plus en plus mais en gardant sous silences certains moments pour elle. Des moments qu’elle préfère oublier ou qui lui rappellent des situations difficile à évoquer, qu’elle a vécu. C’est ainsi qu’au fil des pages nous découvrons des scènes, qui ne sont pas forcément dans l’ordre chronologique mais qui nous sont dévoilées, au grès de ce qu’elle ressent le besoin de se confier. Plus nous avançons dans le temps, plus les actions se confirment être de plus en plus violentes, plus imposantes et elle a été témoin de tout cela. Sa vie a été dictée par la doctrine d’un homme, qui disait leur offrir la paix et la sécurité, mais bien des éléments vont venir ternir cette croyance.

Les personnages qui environnent Moonbeam ont tous un rôle à jouer dans cette histoire, nous allons en découvrir plusieurs, tous aussi fascinants à suivre les uns que les autres. Qu’ils soient mauvais, ou qu’ils soient bons, l’auteur nous les présente en détails, de façon à ce que l’on puisse comprendre pourquoi ils agissent ainsi. Ils nous démontrent aussi, que la peur n’a jamais quitté Moonbeam ou ceux qui vivaient au sein de cette secte tout comme elle. Les adultes vivent selon leur rang, il y a ceux qui président auprès du chef, qui profitent pour certains de leur statut pour vivre selon des règles définies, qui leur laissent pas mal de passe-droits. Les autres ne sont là que pour travailler et faire tourner leur petite communauté, et n’ont pas droit d’exprimer ce qu’ils voudraient. Et il y a les enfants, des enfants qui tiendront une place particulière dans le coeur de Moonbeam, car ils n’ont pas choisi de vivre ici, ils ne font que subir le choix de leurs parents. En tant que lecteur, nous nous sommes aussi sentis plus proches de certains et c’est au fil du récit, que nous serons amenés à savoir ce qu’ils ont vécu eux aussi, et surtout ce qu’ils sont devenus, provoquant là encore de vives émotions au destin de certains.

Ce qui fonctionne très bien, c’est que d’une manière ou d’une autre, on est saisi par les deux temps exposés, le passé comme le présent. Le passé nous permet de découvrir bien des vécus, de différentes personnes, qui ont subi tous des histoires différentes mais sous le dictat d’un homme mauvais. C’est poignant, souvent horrible, et parfois certains moments ou certaines personnes apportent un peu d’espoir et de lumière. Cette période nous permet d’évoquer la force de caractère de certains personnages, qui n’ont jamais perdu de vue leur objectif de s’en sortir. On y découvre aussi le côté malsain de certains autres personnages, tous dévoués aux cultes de cette secte et de ses croyances, alors qu’elles ne servent qu’à abreuver des instincts mauvais qui les animent. Le présent, lui est tout aussi important dans cette histoire car après avoir vécu tant d’années conditionnées par des doctrines et des idées en marge de la société, il est difficile de faire la part des choses. Nous constatons alors à travers différents personnages, l’impact de toutes ces années sur chacun d’eux. Certains s’en sortiront, d’autres continueront de crier haut et fort leur appartenance à la secte. Mais l’après, c’est la plupart du temps pour ces enfants, la reconstruction de toute une vie, et l’impact de cette cellule psychologique est primordiale pour qu’ils puissent s’en sortir.

Un très très bon roman, j’ai adoré la façon dont l’ensemble nous a été conté, je n’ai pas pu lâcher ma lecture, happée par toutes ces confidences et cette découverte d’un vécu poignant ! Le passage du présent au passé, nous permettant ainsi de découvrir tout ce qui a pu se passer durant toutes ces années, et ce de façon graduelle, est très prenant. L’auteur nous présente l’histoire de Moonbeam avec une échelle constante vers des révélations qui sont de plus en plus dures à entendre. Une secte est toujours présentée sous couvert de mieux vivre, d’acceptation de la vie en toute simplicité, loin des travers de la société, mais quand on creuse un peu, on constate forcément des dérives, et les gourous de ces endroits sont la plupart du temps des manipulateurs et des menteurs, qui profitent de la faiblesse des gens. C’est ainsi que le récit nous présente les choses telles qu’elles vont être découvertes par Moonbeam, qui croyait au départ à tout ce que pouvait dire cet homme, pour finir par douter et ne plus croire en rien.

Par le feu
De Will Hill
Editions Casterman Jeunesse
Broché 470 pages
Sortie le 06/03/2019

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