Les Derniers, Enfants cachés – Sophie Nahum

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En mars 2020, je vous proposais de découvrir un article à l’occasion de la sortie d’un livre : Les Derniers. Un livre issu de vidéos tournées par une journaliste, Sophie Nahum qui a recueilli les témoignages des anciens déportés des camps de concentration. L’article évoquait ce livre, ses vidéos et ma rencontre avec l’auteure, durant laquelle des anciens déportés qui ont survécu à la Shoa sont venus témoigner, c’était pour moi un article important et fondamental que je me devais d’écrire pour que la démarche de Sophie Nahum puisse être partagée et entretenue afin que l’on oublie pas ce qui a pu se passer au siècle dernier.

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Depuis ce temps, je suis son activité avec assiduité, j’apprends aussi la disparition de ceux et celles qu’elle a pu rencontrer, avec tristesse, en pensant qu’avec eux s’effacent des vécus qu’il nous fait connaitre et partager. J’ai été ravie d’apprendre qu’un second livre allait sortir, et qu’il allait évoquer un autre aspect de cette période, les enfants cachés. Des enfants qui ont du vivre des situations et des conditions particulièrement difficiles, séparés de leurs parents qu’ils n’ont pour beaucoup jamais revu. Quand j’ai reçu ce livre, je ne me suis pas jetée dessus, je sais que je suis quelqu’un qui se passionne pour cette période de la seconde guerre mondiale et de tout ce qui s’y rapporte, mais je sais aussi que je reste aussi très sensible. J’avais besoin de le lire oui, mais sans pression.

C’est aujourd’hui le 27 janvier, la journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de la Shoah, et je me suis dite qu’à cette occasion j’allais vous partager ce nouvel article sur la lecture de ce second tome : Les Derniers, Enfants cachés. Quand j’ai publié l’article sur le premier volume, je n’ai pas souhaité vous le présenter comme je présente mes lectures romancées, j’avais aussi de quoi vous présenter ce qu’il y avait autour : vidéos, rencontres… je vous encourage si vous êtes intéressés à lire ce premier article, plutôt assez complet dont vous trouverez le lien en bas de page. Tout cela pour vous dire que j’évoque ces livres de façon différentes en m’adaptant à la situation, cet article sera moins conséquent toutefois que le précédent.


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Les Derniers, Enfants cachés touche un point crucial de ce qu’il s’est passé durant la seconde guerre mondiale, en évoquant tous ces enfants qui n’ont pas accompagné leurs parents lors de leur arrestation ou déportation. Parents qui ont choisis de les confier à d’autres, parfois des inconnus, pour les sauver car ils savaient que sans cela, ils auraient eu peu de chances pour s’en sortir. C’est leurs histoires que nous découvrons dans ce livre, l’histoire de ces enfants mais aussi celles de ces parents, courageux et qui ont sauvé leurs enfants en prenant une décision décisive à un moment donné. Par expansion, pensons aussi à ceux qui les ont recueilli, mettant dans la balance leur propre vie, les Justes.

Ce sont des souvenirs d’enfants, du haut de leurs quelques années, qui vont nous être livrés dans ce roman. Ils ne s’adressent pas à nous avec une étude approfondie de ces moments, mais selon la façon dont eux l’ont vécu alors, avec leurs yeux d’enfants, tout en nous permettant d’évoquer les réactions de leurs parents face à ce qu’il s’est passé. Les témoignages divergent et sont très évocateurs de l’horreur de ce qu’il s’est passé. Plus on avance dans notre lecture, plus on se prend de plein fouet leurs témoignages, c’est toujours très éprouvant à lire. On ne peut qu’imaginer alors l’impact psychologique sur chacun d’eux, et ce qu’ils ont pu éprouver durant ces années de guerre et après.


LES DERNIERS, ENFANTS CACHÉS

Le format de ce livre reprend la même formule que le premier, alternant des fiches biographiques sur fond noir, où nous sont présentés chaque intervenant de ce livre sur une double page. Avec des portraits photographiés et un texte court qui raconte l’histoire de cet enfant caché. Ces fiches jalonnent le livre sur son ensemble. Si on le lit de bout en bout, je trouve que ce format proposé intercalé parmi le reste est l’occasion de recentrer l’histoire de cet enfant qui elle se déroule parmi celles des autres d’un point de vue chronologique. On y évoque alors les grandes « étapes » de ces actions menées par les nazis et par ceux qui ont agis à leurs côtés, pour la déportation des juifs. Les photos d’objets, de lettres, de convocations, de portraits de famille viennent appuyer les textes poignants.

UNE CHRONOLOGIE

Les débuts de ce livre évoque l’avant guerre, leurs conditions de vie et pour certains la façon dont leurs familles sont arrivées en France. La France, ce pays qui les a accueilli et qui pour beaucoup ne pouvait pas leur faire de mal et dans lequel ils se sentaient bien installé et fiers de vivre. On évoque souvent la confiance qu’ils ont eu en notre pays, répondant alors à toutes les instructions qui leur étaient notifiés, comme le fait d’aller référencer chaque membre de leur famille. On constate alors que ce référencement sera décisif pour la suite, car c’est à partir de ces listes que les rafles seront faites, séparant alors des familles, et certains seront sauvés car un parent aura senti le vent tourner plus rapidement qu’un autre. C’est cruel de constater non pas la naïveté – car qui aurait pu croire qu’une ignominie pareil pouvait se produire – mais plutôt l’espoir que tout cela ne pourrait pas leur porter préjudice.

On progresse ensuite vers les années de guerre avec les restrictions contre les juifs, puis les événements de la Shoa plus importants comme les rafles, jusqu’à la déportation. Des rafles qui ont lieu, menées par la police française, encore une fois comment imaginer où cela allait les mener. Si je connaissais « bien » la Rafle du Vél’d’Hiv, j’avais beaucoup moins de connaissances sur celle du Billet vert du 14 mai 1941, où un peu plus de 3000 hommes sur plus de 6000 convoqués ont été arrêtés. Ces rafles sont racontés par ces témoins, qui ont vu pour beaucoup leur père être emprisonné ainsi en premier, pour ensuite vivre celle plus importante du Vel d’Hiv. Cette Rafle qui reste un de ces épisodes sombres de l’histoire de cette guerre en France.

C’est alors que l’on découvre des histoires toutes différentes les unes des autres, des vécus qui différent selon la réaction des parents face à ce qu’il se passe alors. Certains ont quitté la zone occupée assez tôt, étant « épargnés » par bien des souffrances de la guerre, mais ils n’ont pas forcément retrouver leurs familles après. D’autres ont vu et vécu des moments douloureux et difficiles, confrontés à ces rafles, à cette fuite et à la disparition de membres de leur famille. Tous ces témoignages sont ceux de témoins qui étaient des enfants, et à travers leurs mots, on découvre des aspects de cette guerre qui nous étaient connus, mais de les lire ainsi je trouve que c’est fondamental.

Le livre se finit sur les témoignages de la fin de cette guerre, après la fuite, la déportation, la France fut libérée et c’est alors tout un long processus qui s’ouvre pour retrouver sa famille. Le Lutécia sera le point d’ancrage pour beaucoup d’entre eux, et c’est alors que ces enfants qui ont grandi loin de leurs parents parfois sur plusieurs années, retrouveront des parents devenus des inconnus pour eux. Les témoignages de ces retrouvailles sont bouleversants, qu’ils soient joyeux ou au contraire tristes, et ils sont différents d’une famille à une autre. Puis il y a ceux qui ont perdu, un père ou une mère, voir toute leur famille. Tant de témoignages tous aussi saisissants les uns que les autres.


Au delà de lire ces témoignages qui relatent leurs histoires, et des faits donc nous avons bien conscience, j’ai envie de dire aussi que ces enfants ont souvent eu des gestes admiratifs. Tous dans leurs comportements et réactions ont su réagir de façon courageuses alors qu’ils n’étaient que des enfants, et qu’au grand jamais des enfants devraient être confrontés à tout ce qu’ils ont vécu.

Pour conclure, je trouve que c’est délicat de parler d’un livre tel que celui-ci, en tout cas, ça l’est de ma position de simple lectrice, par moment je me suis même dit que ma façon d’en parler n’était pas forcément la meilleure et j’espère avoir respecter ces témoins en présentant ce livre ainsi. Je ne suis pas journaliste ou encore historienne et je ne peux que partager avec vous une brève présentation du livre tel qu’il nous est proposé, et aussi vous parler de ce que j’ai pu ressentir en le lisant. Le plus important étant d’abord de saluer le travail fait par Sophie Nahum, qui pour moi est fondamental pour que la mémoire perdure. Il est aussi important de remercier tous ces témoins qui se sont confiés à elle, et qui encore aujourd’hui racontent leur histoire aux jeunes générations. J’ai pu en profiter de mon côté, mais mes enfants non, et j’aimerai tant qu’ils le puissent avant qu’il n’y ait plus personne pour le faire, personne de cette époque en l’occurence.

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Présentation de l’éditeur :
Sur les quelque 70 000 enfants juifs résidant en France en 1939, environ 11 000 ont péri dans les camps, les autres ont miraculeusement traversé la guerre, souvent en se cachant, dans des couvents, à la campagne, dans des placards parfois. Aujourd’hui, ils ne sont plus nombreux à pouvoir témoigner de leur expérience de la clandestinité, de leur perte d’identité, de l’arrachement à leur milieu familial et du silence qui a suivi la fin de la guerre. Dans la hiérarchie des victimes, l’Histoire a été longue à leur faire une place.
Sophie Nahum est allée à la rencontre des derniers enfants cachés survivants de la Shoah pour recueillir leur parole. Ces hommes et femmes se livrent ici, parfois pour la première fois, et ce sont les enfants qu’ils étaient que nous entendons.

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Sophie Nahum est réalisatrice de documentaires depuis plus de 20 ans. Après avoir travaillé pour les grandes chaînes, et notamment Arte, elle décide de produire ses films de manière indépendante. Young et moi (2015, primé au FIGRA) fut le premier, suivi par le projet plurimédia « Les Derniers » auquel elle se consacre entièrement depuis quatre ans.

Les Derniers, Enfants cachés de Sophie Nahum
Editions Alisio


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Retrouvez mon article sur le premier livre paru

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