Les âmes silencieuses de Mélanie Guyard

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Résumé de l’éditeur :
1942. Héloïse Portevin a tout juste vingt ans lorsqu’un détachement allemand s’installe dans son village. Avides d’exploits, son frère et ses amis déclenchent un terrible conflit. Pour aider ceux qu’elle aime, Héloïse prend alors une décision aux lourdes conséquences….
2012. Loïc Portevin est envoyé par sa mère au fin fond du Berry pour y vider la maison familiale après le décès de sa grand-mère. Loïc tombe sur une importante correspondance entre cette dernière et un dénommé J.
Commence pour lui une minutieuse enquête visant à retrouver l’auteur des lettres.
Entre secrets de famille et non-dits, Loïc et Héloïse font chacun face aux conséquences de leurs décisions, pour le meilleur….et pour le pire.

☆ AVIS DE BELI ☆

Acquisition de Noël 2019, je n’ai pas résisté longtemps avant d’entamer ma lecture, il faut dire que ce roman me faisait de l’oeil depuis sa sortie. Le résumé, la couverture, le sujet, tout me plaisait.

On début le roman par un prologue qui nous en dit long sur la condition d’Héloïse du temps de la seconde guerre mondiale, et d’emblée, j’ai eu envie de connaitre son histoire. Bon nombre de femmes ont été des tondues à la fin de la guerre, car reconnue coupables d’avoir passer du bon temps avec les allemands et on comprend vite que dernière cet acte se cache un lourd secret, et on n’a qu’une envie, c’est le découvrir. C’est donc auprès d’Héloïse que nous évoluerons dans le passé, une jeune femme que j’ai tout de suite pris d’affection. Elle est à la fois admirable, mais elle a aussi conscience du danger qu’occasionne la présence des allemands dans leur village. Mais ce qu’elle voit aussi très bien venir, c’est les réactions qu’engendrent la haine des Bochs, mettant tant de gens en danger, ce qu’elle constatera très rapidement. Elle prendra une décision qui va littéralement changer sa vie, et c’est auprès d’une jeune femme reconnue comme étant une putain de Bochs que nous allons découvrir son quotidien, auprès de ceux qui furent ses amis et ses proches, et qui vont lui tourner le dos. Elle subira bien des représailles et ce pour une seule et unique raison, qu’il nous tardera de découvrir.

La narration est à la troisième personne, et si nous sommes dans les années 40 auprès d’Héloïse, toute cette histoire va nous être dévoilée car en 2012, c’est son petit fils, Loïc qui va déterrer ce passé enfui et enterré avec sa grand-mère. Héloïse est morte voilà deux ans, et il ne l’a que très peu connu, il n’était même pas présent à son enterrement. Loïc vit des moments difficiles, en pleine séparation, il a aussi perdu son boulot. C’est alors que sa mère lui demande d’aller vider la maison de sa grand-mère, en pleine campagne dans le Berry. Une perspective qui ne l’enchante guère, mais s’éloigner de ce qu’est sa vie à l’heure actuelle à Paris est plutôt tentant. C’est alors qu’il se rend au village faire quelques courses que des personnages non scrupuleux et plutôt mal aimables, vont proférer quelques allégations et critiques assez véhémentes contre elle. S’il l’a peu connu, il n’accepte toutefois pas d’entendre quelqu’un proférer des propos abjectes sur sa grand-mère ou encore sur sa mère. Sa curiosité sera aiguisée, et quand il tombera sur des correspondances que sa grand-mère a entretenu depuis les années 50 avec un certain J., il n’aura de cesse de vouloir savoir qui est J. et par la même ce qui a pu se passer durant ces années de guerre.

Les allers-retours entre le passé et le présent, nous permettent de bien entériner les deux personnages dans leurs époques mais petit à petit les liens qui les unissent, se révèlent au grand jour et prennent plus d’importance qu’ils en avaient au départ de cette histoire. Si Loïc n’a jamais ressenti de lien particulier avec sa famille, il va vite s’attacher à cette femme et à ce qu’elle a vécu. C’est ainsi que l’on sentira que lui-même va s’épanouir et devenir un autre, quelqu’un de tellement plus ouvert et à l’aise, lui qui se sentait si vide et sans envie. Loïc est un personnage assez sarcastique, qui tourne tout à la dérision, j’ai assez apprécié découvrir ce personnage qui se livre au fil du temps qui passe. Au début, je ne pensais pas apprécier autant les moments qui lui sont consacrés, surtout qu’en parallèle sa grand-mère avait une histoire passionnante à nous dévoiler, mais il a su se rendre intéressant dès le départ. D’abord par son attitude un peu nonchalante, alors qu’il vit des moments particulièrement difficiles le rendent de suite attachant et abordable aussi. C’est aussi ses réactions quand on a insulté sa grand-mère qui nous permettent alors de bien saisir son personnage.

J’aime toujours autant lire cette période de la seconde guerre mondiale, le risque avec un roman qui se déroule à deux périodes distinctes, c’est d’éprouver moins d’intérêts pour la période actuelle comme je le dis ci-dessus. Mais Mélanie Guyard a su rendre le récit au présent intéressant, avec cet homme qui découvre le passé de sa grand-mère, j’ai trouvé ça changeant que pour une fois cela soit un homme, car souvent dans ce type d’histoires, ce sont des femmes qui par le présent découvre le passé de leur ancêtre. La façon dont tout nous est décrit, les lieux, ses réactions, celles des autres qu’il ne connait pas, tout nous encre dans ce village au lourd passé qui change bien de la vie citadine qu’il connait de Paris. A travers lui, nous revivons les lieux, les moments qu’Héloïse a passé dans cette maison. J’ai trouvé que les lieux étaient très marqués par le passé et le vécu de cette famille et la façon dont il parcoure la maison, les pièces et chaque endroit nous en dévoile un peu plus sur le passé. Les descriptions sont très fortes et marquées par un vécu qui a marqué les lieux.

Ce roman nous conte la force d’une jeune femme qui a du avoir une vie particulièrement difficile, avec ce passé qui n’a jamais du la quitter. L’attitude des gens qui agissent sous le coup de la colère et de bien d’autres émotions, engendrent des conséquences qui peuvent changer une vie. L’histoire de cette famille qui était bien enfouie et protégée par le silence, nous est dévoilée au fil des pages. Par moments, j’ai bien eu l’impression que jamais toutes les vérités ne pourraient être dévoilées, tant les secrets étaient bien gardés. L’importance de l’anonymat des courriers échangés marque aussi un point très important vis à vis des moeurs de l’époque et de l’impact que cela aura eu sur bien des vies.

Le récit est passionnant tant le présent qui découvre le passé, que le passé qui se dévoile à nous. L’ensemble est plutôt bien conçu, car on a le temps de s’imaginer des tas de scénarios possibles et inimaginable, même si on finit par découvrir nous aussi la vérité, mais tant qu’elle ne nous est pas dite, on continue d’imaginer. La chute est intéressante, elle soulève aussi une autre thématique qui ne devait pas être simple à vivre à l’époque. L’auteure aborde bien des thèmes forts et percutants comme la condition de la femme à l’époque, cette guerre qui n’a épargné personne et bien plus encore. J’ai trouvé cette histoire très touchante, nous constatons à quel point le sacrifice de soi-même par amour pouvait aller loin et changer des vies.

Les âmes silencieuses
De Mélanie Guyard
Editions du Seuil
Broché 319 pages
Sortie le 02/05/20219

2 réflexions sur “Les âmes silencieuses de Mélanie Guyard

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