Interview Emilie Collins – L’art & la romance

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J’ai souhaité faire une interview de Emilie Collins, lors de la sortie de Coeur à corps. J’avais alors posé toutes mes questions en rapport avec ce roman et ce qu’il m’inspirait. Mais je ne lui ai jamais envoyé, par manque de temps… Puis j’ai lu Top to bottom, qui est un spin-off de Coeur à corps, et où nous gravitons encore dans les milieux artistiques, et je me suis rappelée ces questions qui attendaient dans un coin. C’était l’occasion de les poser, tout en rajoutant d’autres en rapport à l’actualité de la sortie de Top to bottom.

Retrouvez les chroniques de ces deux romans en cliquant sur les images
des couvertures ci-dessous. 

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découvrir Emilie Collins et les arts !

Merci Emilie d’avoir eu la gentillesse de prendre le temps de répondre à mes questions.
J’ai eu très envie de m’intéresser au milieu de l’art que tu abordes dans tes romans. Ce sont des sujets qui me touchent car ils correspondent à la branche dans laquelle je me suis orientée et forcément cela marque.

Beli :
Pour commencer, tu as connu des expériences professionnelles dans de multiples domaines. Tu es historienne d’art, quelle était ta fonction dans ce milieu ? & as-tu un courant de l’histoire de l’art qui t’interpelle plus qu’un autre ?
Emilie :
Bonjour Beli et merci à toi pour ton intérêt. Quand j’étais historienne de l’art, je travaillais des deux côtés de l’œuvre. Dans la lumière comme conférencière, pour établir un lien entre les œuvres et le public. Dans l’ombre comme chercheuse, pour approfondir les connaissances sur les œuvres afin de mieux les partager ensuite. De nombreuses périodes ou spécificités m’ont séduites. Au fil du temps je me suis spécialisée dans deux domaines : l’art de l’Inde et de l’Asie du Sud-est, et le vitrail. D’autres coups de cœur sont nés au fil de mes découvertes comme la céramique japonaise, Caravage, la sculpture de pierres dures, l’architecture excavée… La créativité humaine est sans limite.

Beli :
Comment en es-tu venue à l’écriture de romances ?
Emilie :
Par hasard ! Je participais à ce moment à la vie d’une plate-forme d’écriture, et celle-ci a proposé un concours en partenariat avec la collection Emoi. J’aime beaucoup les concours, cela stimule mon imagination. J’ai donc tenté ma chance, et Emoi a retenu mon texte pour publication. C’était L’Autre chemin. Probablement l’attrait d’un voyage au Sri Lanka ^^

Beli :
En tant que connaisseuse en art, la photographie, les arts actuels comme l’art urbain font-ils partis de ces courants que tu apprécies et connais bien ? Où notamment pour le deuxième est-ce quelque chose que tu as découvert en écrivant sur le sujet ?
Emilie :
Durant mes études, la photographie avait surtout été abordée sous un angle historique. Les premiers pas et la façon dont elle avait profondément modifié le regard artistique. En-dehors de ces connaissances basiques, c’était un art que j’appréciais de loin. Pour que je me plonge dans un univers, j’ai besoin que quelqu’un m’en donne la clé. J’ai besoin de rencontres, d’échanges, de personnes qui me transmettent leur passion, leurs rêves. C’est seulement à ce moment qu’un sujet devient vivant et m’aimante. La passion d’Ergé m’a inoculé le goût de la photo. La rencontre avec le Label Valette Festival m’a permis de partager avec de nombreux artistes qui m’ont envoûtée en me parlant de leur art, des risques, de leurs combats et de leurs certitudes. Donc pour Cœur à corps comme pour Top to bottom, l’envie d’écrire est venu d’une curiosité qui s’est transformée en feu sacré grâce à des personnes riches de rêves.

Beli :
Tous tes personnages sont issus de milieux créatifs : photographie, bijouterie, stylisme, graffeurs… tes deux romans sont vraiment un hommage ou un rappel de ta position d’historienne de l’art ? Qu’as-tu souhaité exprimer à travers eux ?
Emilie :
Un hommage à l’art. A la part de chacun de nous capable de créer. Si je suis devenue historienne de l’art, c’est parce qu’il me semble que l’art et la création sont la plus belle part de l’être humain. Je voulais baigner dans le Beau. Notre espèce est bourrée de défauts, mais la Pietà de Michel-Ange rachète beaucoup de péchés. L’amour (sous toutes ses formes – y compris la bienveillance) et l’art sont pour moi les deux merveilles qui nous donnent le droit d’exister malgré toutes nos erreurs humaines. Je crois aussi que nous portons tous ça en nous, sous une forme ou une autre et que nous avons besoin de l’exprimer pour nous épanouir. L’art, c’est donner à voir, à entendre, à découvrir, à imaginer… C’est donner avant tout. C’est un mouvement profondément généreux qui saisit ce qu’il y a de plus précieux en nous pour l’offrir à l’autre. J’ai presque envie de dire que c’est une offrande.

Beli :
T’es-tu inspirée de personnes que tu connais pour chacun d’eux ? Que cela soit Erick dans Coeur à corps, ou encore Sadie dans Top to bottom ? Ou encore tes personnages féminins, qui elles-aussi oeuvrent dans le milieu créatif ?
Emilie :
Erik fait de nombreux clins d’œil à Ergé, pour sa passion et la façon dont il aime ce qu’il fait, mais pas pour le caractère^^. Sadie s’inspire d’un patchwork des artistes rencontrés. Comme si j’avais pris un peu de ce qui m’avait touchée en chacun pour composer mon personnage. Et les personnages féminins s’inspirent de domaines qui m’ont fascinée (j’ai failli faire une école de bijouterie, je suis fascinée par les tissus). Les caractères féminins de mes histoires se nourrissent quant à eux à une source inépuisable et magique : mes amies, les femmes que je croise parfois juste quelques minutes, mais qui m’imprègnent d’un petit quelque chose d’unique.

Beli :
Et de ton côté, quels sont tes photographes préférés ? Actuels comme de ceux qui ont fait l’histoire de la photographie ?
Emilie :
Dans les « monuments » de la photo, j’aime Henri Cartier Bresson, Jeanloup Sieff, Saul Leiter, Doisneau. L’histoire de Vivain Maier est très émouvante. Elle a été nourrice toute sa vie, photographiant par passion, et son œuvre n’a été connue et célébrée qu’après sa mort. Dans les photographes contemporains, je laisse Ergé me dénicher des trésors sur Instagram, et les plus beaux ne sont pas toujours les plus connus !

Beli :
Tu t’inscris dans un art très actuel, avec notamment le sujet de street art déjà abordé par Erick qui fait un reportage et de ses amis qui sont aussi des artistes de rues. Et bien entendu par Sadie, que nous découvrons dans Top of bottom. De quelles façons cet art qui devient un véritable pole attractif dans Paris t’a-t-il inspiré ?
Emilie :
Le street art est un mouvement culturel complet, pas seulement de la couleur sur des murs. C’est un art très engagé, porteur de valeurs et de modes de vie alternatifs qui me sont chers. Il est pour moi très représentatif de cette envie d’un monde différent que l’on sent un peu partout en ce moment. Un monde où nous ne serions pas réduits au statut de consommateur ou de rouage d’un système économique. Je l’ai profondément ressenti comme un art humaniste. Et c’est là que l’on voit toute l’importance d’aller à la rencontre de l’autre, car je ne l’aurais jamais perçu avec cette force sans connaître les artistes. C’est cette énergie qui nourrit Top to bottom.

Beli :
Après ces univers évoqués, dans des thèmes différents (fleur, culinaire, art), qu’as-tu encore envie de nous faire découvrir ? En discutant avec toi, j’ai pu voir à quel point tes envies étaient vastes, j’espère que nous pourrons de nouveau te lire dans tous ces thèmes qui te passionnent.
Emilie :
Ouh la ! Essayons de faire le point sur mes envies… Transmettre ma fascination pour le vitrail, cet art de feu et de lumière. Mais aussi parler encore de plantes, et d’une certaine conception du corps et de l’être humain, basée sur ma formation en plantes médicinales (et là on touche au bien-être et au développement personnel). Mais en fait… Mes envies se multiplient au gré des rencontres. Dernièrement, j’ai écrit une nouvelle* basée sur l’histoire de la chaussure (et entre femmes, on sait à quel point les chaussures sont importantes !!) – notamment celui de la chaussure de luxe… Je ne sais plus comment l’idée m’est venue, mais une fois née, je me suis régalée à passer des heures à apprendre comment on fabriquait une chaussure, quels grands créateurs avaient marqué l’histoire, ce que cet art pouvait révéler… Je suis curieuse, donc tout est susceptible de m’intéresser. D’ailleurs, tout est intéressant, du moment que l’on rencontre quelqu’un qui aime ce qu’il fait. Peut-être qu’un jour, je demanderai à mes lectrices quels sont leur métier et leurs passions. Pour mieux les connaître et parler de ce qu’elles aiment, de ce qui les fait se lever chaque matin et travailler dur pour faire de leur mieux. Beli, tu sais quel a été un de mes plus beaux compliments pour les Délices d’Eve ? Une jeune femme qui m’a écrit pour me dire ça : “Je suis pâtissière. Vous avez montré mon métier tel qu’il était, et vous l’avez rendu beau malgré ses difficultés. Merci.“. Tu vois, finalement, cela nous ramène au point de départ. L’art n’est pas seulement dans les musées et les ateliers. L’art c’est de faire ce que l’on aime, et d’y mettre le meilleur de nous-mêmes.

*La 13ème paire, dans Un hôtel à Paris avec mes collègues et amis Rosalie Lowie, Dominique Van Cotthem, Frank Leduc, et une couverture due à Ergé.

☆Beli☆ 

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