Extrait : Promis, on reste amis ! de Juliette Bonte

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A l’occasion du Blog Tour de Promis, on reste amis ! de Juliette Bonte, sorti dans la collection &H, je vous ai déjà proposé ma chronique. Ici, j’ai choisi de vous partager un extrait de ma lecture. Alors pour tout vous dire, en lisant le roman, je ne pensais plus à noter un extrait, je l’ai donc fini sans même m’arrêter sur tel ou tel moment. Du coup, j’ai du retourner fureter dans les pages du livre pour le trouver !


Extrait de Promis, on reste amis ! 

Le moment que j’ai choisi de vous partager, c’est un échange entre Graham et Peter. Il relate les sentiments qu’éprouvent Peter pour Janvhi, c’est ce que m’a tout de suite rendu Peter si appréciable. Cet extrait nous montre aussi l’immense attachement qu’éprouve Peter pour sa meilleure amie.

Extrait du point de vue de Graham, qui dialogue avec Peter.
Quand Leandro a dressé le portrait de George Town au retour de la librairie, Janhvi était furieuse. Elle a répété une bonne dizaine de fois qu’il ne se passerait rien entre l’avocat de Baltimore et elle. J’ignore encore si elle le pensait vraiment, mais ce n’est pas le sujet. Le fait est que Peter était présent, lui aussi. Il a tout entendu. Et j’ai vu son visage se décomposer.
Il canalise mieux sa douleur qu’il y a vingt ans, mais elle reste visible pour qui le connaît bien. Elle se faufile dans les plis de ses sourires. Elle éteint la lumière dans son regard. C’est un matériau qui effrite sa joie de vivre.
Il n’y a que Janhvi qui ne remarque pas cette dégradation lente et progressive, parce qu’il s’évertue à la lui cacher.
– Peter, ça fait vingt ans…
– Vingt-deux.
– Vingt-deux ans, répété-je, sidéré. Tu réalises ? Les humains ne sont pas faits pour mentir aussi longtemps. Ta soupape de sécurité va finir par exploser. Et ce qui se trouve en dessous aura mijoté tellement longtemps que le goût sera devenu aigre.
– Je ne suis pas aigri.
– Tu pues l’aigreur. Tu peux faire avaler à Jan tous les bobards de ton meilleur cru si tu veux, mais ils ne fonctionnent pas avec moi. On a passé trop de soirées ensemble. Et, au cas où la précision est nécessaire : tu tiens la vodka comme un prépubère imberbe. Te tirer des infos est presque trop simple.
Il émet un long soupir.
– C’était il y a longtemps, OK ? L’eau a coulé sous les ponts.
– C’est ta seule défense ? Parce qu’aux dernières nouvelles, Cole t’agaçait, lui aussi. Et Cole était encore sur le pont il y a très peu de temps. Trouve autre chose.
– Tu as conscience que je suis venu pour te remonter le moral, à la base ? On peut revenir à tes soucis ?
– Savoir que d’autres souffrent plus que moi m’aide à relativiser. Tu m’es utile, compagnon.
– Ça s’appelle du sadisme.
– Il paraît que ça s’empire avec l’âge.
Son air contrarié est éclairé par les taches clignotantes qui viennent de la circulation bouchée. Du rouge sur sa colère, de l’orange par-dessus sa peine. Le rythme le fait cligner des paupières, et finir par admettre l’évidence :
– Je n’arrive pas. Je n’y arrive pas, Graham… Je suis infoutu de tirer un trait sur elle.
– Je sais.
À chaque fois qu’il pose son regard sur elle, la planète connaît une secousse sismique. Je n’ai jamais vu quelqu’un porter autant d’admiration à une femme.
– J’essaie, Graham. Je te promets que je fais tout pour, mais elle est tellement incrustée en moi que mes efforts ne servent à rien.
– Je ne sais pas comment tu fais.
D’aussi loin que je me souvienne, Peter a toujours eu des sentiments pour Janhvi. Plus ou moins prononcés en fonction de la période. Plus ou moins douloureux. Plus ou moins dissimulés. Il aurait très bien pu les lui révéler, les occasions ne manquaient pas. Tenter sa chance. Le problème, c’est qu’en parallèle d’un amour indiscutable, il a construit une amitié fusionnelle avec elle. Et l’un a le pouvoir de détruire l’autre.
Dans ce contexte, il a préféré taire une partie de lui. Depuis vingt-deux longues années, l’étau se resserre autour de son cœur. Mais il l’accepte, puisque la punition lui permet de conserver une amitié intacte.
Leandro considère ce sacrifice comme une preuve d’amour. Moi, je trouve ça franchement masochiste.

Promis, on reste amis ! 
De Juliette Bonte
Collection &H
Sortie le 07/05/2021

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