Loving doll de Farah Anah

loving-doll

Résumé de l’éditeur :
Un an après la mort de sa petite sœur, Wolfgang von Gail se voit offrir un curieux cadeaux d’anniversaire.
Une fillette, copie conforme de sa cadette.
Au fil des années, un lien malsain se tisse entre Wolf et Katharina.
Elle lui est interdite.
Parce qu’elle vit sous le même toit.
Parce qu’elle porte son nom.
Pourtant, dans ce manoir hors du monde, l’amour s’apprête à prendre la plus immorale de ses formes.
Combien de temps Wolf sera-t-il capable de garder le contrôle ?
Les von Gail dissimulent bien des secrets dans le manteau de la nuit, jusqu’à commettre l’irréparable.
Alors, aucun retour en arrière ne sera plus permis…

 ★ Merci à Black Ink pour ce SP ★

☆ AVIS DE BELI ☆

J’ai été partenaire Black Ink cette année pour la première fois, l’occasion de découvrir tant d’histoires, d’univers et des auteurs en tous genres. Ce roman qui est sorti en septembre, j’ai souhaité le lire pour plusieurs raisons : déjà pour son auteure que j’ai beaucoup aimé lire dans ses précédents romans, ensuite j’ai trouvé la couverture magnifique. Je crois que rien que pour la couverture, j’aurai pu lire ce livre. Pour finir, je suis très très intriguée par l’histoire ! J’ai choisi de le lire en me demandant ce qu’elle allait nous réserver, et en me disant que cela devait être quelque chose d’à part. Je l’ai donc commencé avec beaucoup de curiosité.

L’idée que l’on entraperçoit à la lecture du résumé est étrange : à la fois dérangeante mais aussi très intrigante. Un manoir, une famille, une perte, une remplaçante, une poupée, tant d’éléments qui vont nous offrir un récit un peu à part. Farah Anah nous propose ici une histoire tordue, elle l’est tellement que durant toute ma lecture et même une fois le livre refermé, j’oscille entre deux sentiments : être fascinée ou au contraire être dérangée, l’un n’allant pas sans l’autre. En commençant la lecture, on sait d’emblée que cette histoire est un peu à part, bien loin de ce que l’on a l’habitude de lire, et j’avoue que je ne sais pas trop comment en parler, car en fin de compte, je reste avec tellement d’interrogations sur mes propres ressentis à la lecture.

Le manoir des von Gail sera le lieu où se déroulera cette histoire. Wolfang, l’héritier de ces lieux, y vit en compagnie de quelques membres de sa famille. Il a perdu sa soeur il y a quelques temps, perdant ainsi tous ses repères et depuis il n’a jamais repris goût à la vie. C’est alors qu’on lui offre un cadeau d’anniversaire très particulier : une personne. Une jeune fille, en tous points semblable à sa soeur, une copie de Katharina, une poupée vivante la représentant Elle et ce pour palier au chagrin qui le ronge de l’intérieur. Une idée vraiment très étrange, mais aussi dérangeante car on ne remplace pas un être cher perdu par un être en tous points conformes physiquement. Quelle sera la réaction de Wolfang face à cette initiative ? Mais aussi de quelles manière cette idée leur est venue en tête ?

Wolfang est un personnage mystérieux, à la fois éteins par la perte qu’il a subit, tout en étant toutefois quelqu’un qui réagit souvent à chaud à ce qu’il lui arrive. Nous aurons ainsi l’occasion de constater que sa personnalité peut être changeante mais qu’il exprime assez bien ses émotions, sans les cacher aux autres. Fascinée par cette poupée qu’on lui offre, il est partagé entre ce besoin qu’il a de la garder et la choyer, de façon un peu morbide ou obsessionnelle, et aussi ce sentiment colérique à l’idée même qu’elle puisse même exister. Vont naitre alors des émotions contradictoires en lui, et plus le temps va passer, plus la relation qu’il entretient avec elle va évoluer, vers quelque chose qu’il est difficile à qualifier de suite et d’assez complexe. Wolfang semble être assez sombre, et si son esprit est en dérive, il dégage toutefois une certaine aura impressionnante.

Elle, que l’on qualifiera tantôt de demi-soeur, ou de cousine, et encore de poupée ou de bien d’autres manières, endosse l’identité de la disparue. Elle a un comportement totalement éteins au départ, elle est effrayée, ne sachant pas trop à quoi s’attendre, il semblerait qu’elle est oubliée son passé, donc elle se retrouve dans une sorte de néant complet qui accentue sa peur de l’inconnu. Elle se retrouve dans des lieux qu’elle ne connait pas, assez impressionnant et parmi une famille qui l’est tout autant, aux personnalités multiples et variées. Et on lui demande alors d’être une autre : un être perdu qui était aimé et qui manque, alors qu’elle ne semble pas avoir de place bien définie auprès de qui que se soit. La pauvre chose qu’elle est au départ, va donc faire son possible pour devenir Elle, Katharina, au dépend de sa propre personnalité, un fait étrange et qui occasionne bien des questions. Son mutisme dérange mais nous pousse aussi à être très intriguée par ce qu’elle est. Quelles sont les retombées psychologiques de ce type de comportement ? c’est très intriguant de voir ce que cela peut occasionner, tant sur les autres que sur elle-même, qui malgré tout, a aussi une histoire passée.

Dans les débuts du roman, on a un peu cette impression d’être dans une autre dimension. L’action est très isolée, se contentant de quelques personnages et la particularité de la situation confère au roman une aura un peu étrange comme fantastique. Temporellement, il nous faut quelques chapitres pour bien saisir l’âge des protagonistes, enfant, jeune adulte, ou encore adulte accompli, chacun est à un moment différent de sa vie, et pourtant tous semblent reliés à ce manoir et à cette famille particulière. Les replacer aussi dans leur propre histoire, temporellement, face à la perte d’une soeur, ou encore face à des événements qui semblent faire réminiscence du passé nous permet d’évoluer dans la découverte de cette histoire. Le fait que l’action se déroule dans une sorte de huit clos, dans ce manoir ne fait qu’exacerber cette impression dérangeante autour du fait même que l’on puisse offrir une enfant en cadeau en remplacement identique d’une autre, alors même que la présence de la défunte semble encore être tellement forte.

L’action qui se déroule au présent va être agrémentée de la résurgence de ce passé qui joue un rôle primordiale dans ce qu’ils vivent à ce moment de l’histoire. Ce manoir et cette famille ne sont pas sans cacher bien des secrets et nous les découvrons au fil des pages qui tournent. Parfois, on devine certaines choses mais sans vraiment découvrir toute la vérité, mais les attitudes étranges de certains personnages ne nous laissent aucun doute sur l’étendu et sur l’importance de ces secrets qui sont cachés. Les personnages principaux ne peuvent pas se contenter d’être ce qu’ils sont ou ce que l’on leur demande d’être, sans avoir connaissance de leur vécu pour comprendre qu’elle est réellement leur place. Il y a une recherche de sa propre identité, alors que l’on essaye de lui en faire endosser une pour elle, elle se perd par moments entre être Katharina et son passé qui refait surface pour lui rappeler qui elle est véritablement. Wolfang n’est pas en reste, puisqu’à travers ce passé qui se dévoile, il en apprend aussi davantage sur sa propre famille, et tout semble lié.

L’évolution et la tournure qui va prendre l’histoire est assez étonnante, je ne m’y attendais pas. Le récit est bien construit, nous permettant d’abord d’accompagner notre jeune héroïne dans son apprentissage de cette nouvelle vie, assez particulière je vous l’accorde, et de découvrir les autres membres de cette famille qui l’a accueillie. Un Wolfang au comportement instable, qui l’impressionne et dont elle ne sait pas trop quoi penser, si ce n’est que malgré la peur, il la fascine. Et les autres membres présents, qui semblent vouloir veiller au grain, surveiller que tout se passe bien, et sans débordement. Mais justement pourquoi veiller ainsi sur eux ? C’est là, la question que l’on se pose. Bien sur car la situation est loin d’être normale déjà, mais au delà de cela, tout n’a pas été révélé sur la venue de cette jeune fille. Nous vivons les faits par le présent, mais nous avançons aussi dans l’histoire générale en effectuant quelques allers retours vers le passé, des deux personnages principaux. Cela nous permet alors de les comprendre et aussi d’appréhender la situation dans son ensemble.

Pour conclure sur ce roman, je dirai que la plume de l’auteure accompagne avec brio le scénario qu’elle a voulu nous conter, quelque chose d’assez machiavélique et complexe, voir tordu. Il y a cette part d’obscurité qui ne quitte pas les personnages et leurs actions, celle qui justement peut déranger mais sans laquelle, ce livre ne serait pas ce qu’il est. Il y a aussi cette façon dont on est envouté par l’aura des personnages qui vous conduisent là où ils souhaitent nous mener. Après on adhère ou pas, c’est vraiment très personnel comme réaction, car avec ce genre de livre, on ne peut pas dire que l’on est sur que tout le monde va aimer. Et moi, alors ? Je reste indécise , fascinée mais pas toujours totalement convaincue, car parfois dérangée par la tournure qu’a pu prendre cette histoire, mais comme cela se tient, je ne peux pas dire que ce n’est pas bon. Non, ça l’est et c’est un roman qui vaut franchement le détour.

Farah Anah a su m’étonner, me dérouter et me déstabiliser avec cette proposition de scénario. C’est une histoire à part, d’inqualifiable et de totalement singulier et inattendu. J’aime être un peu bousculée et en partant du principe que son histoire tient la route, j’ai trouvé cette proposition audacieuse et pertinente, occasionnant bien des réactions à sa lecture.

Loving doll
De Farah Anah
Editions Black Ink
Numérique 482 pages
Sortie le 25/09/2020

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>