Les larmes d’Auschwitz #2 Pitchipoï de Deborah Hernould

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Résumé de l’éditeur :
Après son arrestation à Caen et son passage par Drancy, Anna embarque dans un convoi à destination d’Auschwitz, cet horrible endroit dont Adam lui a parlé. Très vite, elle comprend que pour survivre, elle doit devenir égoïste.
Si elle échappe aux exécutions, sa santé par contre se dégrade rapidement et son espoir de voir Adam venir la sauver s’amenuise peu à peu.
Alors que les Allemands quittent le camp en janvier 1945, Anna fait le choix insensé de rester sur place. Avec quelques amis, elle tente de survivre au rude hiver polonais.

 ★ Merci aux Editions poussière de lune pour ce SP ★

☆ AVIS DE BELI ☆

La lecture du premier tome de cette duologie m’a profondément touchée, j’aime tant lire ces récits de la seconde guerre mondiale, mais j’y laisse à chaque fois une petite partie de mon coeur. Les récits sont toujours touchants et nous rappellent les horreurs qui ont eu lieu des années durant. Du coup, quand j’ai reçu ce deuxième tome, je l’ai souvent pris en main pour tout de suite le reposer, parce que je savais que j’allais encore ressentir tant d’émotions à le lire. Puis je me suis lancée, courageuse, trouvant enfin le « bon » moment pour le lire, il fallait bien que je sache ce qu’il allait advenir des personnages, et je l’ai lu d’une traite, impossible de le lâcher.

Dès les premières lignes, nous sommes replongés directement au coeur même de cette guerre, auprès d’Anna qui se trouve dans un train en direction d’un camp de concentration en Pologne. Commence alors pour elle un long périple pour rester en vie et cacher ce qui pourrait la précipiter plus vite encore vers la mort. Elle est arrivée dans ce camp en compagnie de deux plus jeunes qu’elle, n’oublions pas qu’elle n’a que dix-sept ans, et Yaëlle et Aaron ont respectivement onze et treize ans, ils sont tous deux juifs et elle s’est promise de les protéger. Dans les conditions de vie qui sont les leurs, dans cette période difficile et tellement inconcevable qu’ils vivent, les enfants deviennent vite des adultes et malgré son jeune âge, elle prendra ses responsabilités très à coeur, se rattachant aussi à la vie plus que tout pour que tous deux auxquels elle tient puisse s’en sortir.

Toute la première partie du roman traite de cette captivité, de cette survie dans un milieu redoutable, où la haine des hommes envers les juifs n’a pas de commune mesure. La peur ne les quitte pas à un seul instant, nous découvrons de quelles façons les déportés juifs vivent ces moments douloureux en espérant que le jour venant ne sera pas leur dernier. Anna vit les choses de la même manière, mais elle redoute aussi d’autres aspects de la captivité, car elle n’est pas juive et elle pourrait tout aussi bien subir d’autres formes de persécutions. Chacun d’eux vit cette emprisonnement en allant vers l’inconnu, car il leur faut apprendre à faire ce qu’il faut pour survivre. Il faut être vigilant à chaque instant, en effet à aucun moment on ne leur dit que certains actes ou réactions pourraient causer leur perte, ils vont devoir apprendre sur le fait et en observant ce qu’il se passe autour d’eux. La survie devient l’unique raison qu’ils ont de se battre, et pour cela, il leur faudra fermer les yeux sur certaines choses et les conditions extrêmes dans lesquelles ils vivent, vont provoquer une mise en place d’une forme d’égoïsme et de d’individualisme vis à vis des autres. Ils se doivent de survivre et c’est un combat de chaque instant, contre les autres et soi-même.

Cette période qu’elle va passer dans ce camp de concentration nous révèle tant de choses sur ce qui s’est passé. On le sait mais chaque lecture m’apporte en plus des éléments qui ne font qu’affirmer toutes ces horreurs qui ont eu lieu. Anna va être confrontée à de redoutables épreuves, la survie d’elle et de ceux qu’elle aime et cet espoir de revoir Adam un jour, vont la pousser à aller au delà de ce qu’elle pensait pouvoir accomplir. Du haut de ses dix-sept ans, elle va devoir prendre des décisions qui pourraient l’entrainer plus vite encore vers la mort. Elle fait la connaissance d’un certain nombre de personnes dans ce camps, et n’oublions pas que s’attacher ou se confier peuvent devenir des faiblesses, mais elle trouvera toutefois quelques personnes qui comme elle, veulent s’en sortir coûte que coûte. Leur combat pour leur survie ne les quittera pas un seul instant. Ce qui est aussi très intéressant, c’est de constater aux comportements des nazis que la guerre commence à leur échapper. Les choses se précipitent et c’est un fol espoir qui les pousse encore plus à se battre contre le destin funeste qui les attend tous.

L’auteure a vraiment englobé la totalité de la seconde guerre mondiale, commençant aux tous débuts, pour finir par nous délivrer l’après. Le retour des prisonniers des camps n’a pas été si évident que cela, la suspicion et le doute sur l’identité, ou encore sur ce que chacun a fait pendant la guerre engendrent des démarches longues et fatigantes, et chacun d’eux devra prouver tout ce qu’ils ont vécu. L’histoire toute particulière d’Anna, sa relation avec ce jeune homme connu en tant que SS ne vont absolument pas faciliter les choses et elle prendra de plein fouet, les suspicions des uns et les accusations des autres. La France est libérée, mais le chemin pour y retourner est long et pénible et Anna va vivre encore bien des moments particulièrement pénibles. Je me suis encore trouvée étonnée et outrée par certains comportements, et pourtant j’en lis des romans sur cette période, mais je crois que oh jamais, je n’arriverai à accepter tout ce que les gens ont pu faire de ce temps, c’est tellement inconcevable que l’on puisse traiter des gens ainsi. Ici, Anna n’est pas juive, mais son histoire interpelle et qu’elle doive prouver qui elle est et ce qu’elle a fait, sa légitimité en tant qu’être humain, montre à quel point l’homme peut être odieux et cela fait très peur.

Le récit met en lumière tellement de points importants autour de la seconde guerre mondiale. La façon dont tout ce qu’il s’est passé et a été appréhender à l’époque : croire aux atrocités, comprendre les choix des autres, accepter l’impensable et tant de choses encore. C’est à travers l’expérience d’Anna, si jeune et pourtant si courageuse et déterminée qui va nous partager son vécu mais aussi celui de ceux qui l’entourent. L’après déportation, quand elle va être libérée, c’est un vrai soulagement mais la guerre est loin d’être terminée, les troupes allemandes sont repoussées et continuent de se battre. Cette période va être traitée dans la deuxième partie du roman, quand les zones libérées vont tenter de reprendre vie, et que les survivants de cette occupation vont devoir rebondir. Ceux qui ont été déportés vont être confrontés à ce silence que l’on leur impose, les gens ne sont pas prêts à entendre toutes les atrocités qui ont eu lieu dans ces camps. Psychologiquement, c’est très dur pour tous ceux qui sont sortis de ne pas être écoutés, et d’attirer tant de suspicion sur ce qu’ils racontent.

Cette deuxième partie du roman nous amènera à suivre Anna et ceux qui l’accompagnent sur ce chemin semé d’embuches pour retourner dans son pays, la France. Un autre périple qu’elle va devoir mener malgré la fragilité de sa santé après tant de privations, mais l’espoir de retrouver Adam, toujours, cet homme qu’elle aime plus que tout, la poussera toujours plus loin. Le récit est concentré sur Anna, sur son histoire, sur le cheminement que fut le sien pendant ces années de guerre, un périple, y’a pas d’autres mots très marquant. Tous les personnages qu’elle a pu connaitre durant ces années, ont tenu un rôle important dans son histoire, et nous les découvrons tous eux aussi : ceux de passage, les fidèles, les ennemis. Des hommes et des femmes courageux, qui sont eux aussi battus à leur manière pour survivre, et plus encore pour sauver d’autres personnes.

Cette toute jeune fille, Anna que l’on connait au début du roman dans la fleur de l’âge, alors qu’elle est tout juste sortie de l’enfance pour vivre son adolescence avec insouciance, va être projetée dans un monde où l’horreur des hommes n’aura pas de limites. On oublie parfois son jeune âge, mais comment survivre, si ce n’est en se comportant avec plus de maturité que son âge ne le demande. C’est une héroïne admirable, combattive et qui est le reflet de tant de jeunes personnes qui ont su s’en sortir durant ces années de guerre. Elle-même, entourée de personnages de tous âges qui auront eux aussi, capturer mon attention et mon intérêt pour leur vécu. Ce sont tous ces personnages qui font la force de ce roman, car il nous est inconcevable de les abandonner, auprès d’eux, nous vivons tant de moments forts durant ces années de guerre.

Une duologie que j’ai adoré lire, un coup de coeur sur les deux tomes. Cette histoire est bouleversante, fort éprouvante mais elle reste le reflet d’un vécu et elle m’a procuré bien des émotions. La plume de Deborah Hernould nous plonge au coeur même de l’horreur de cette guerre, qui nous est relatée de bien des façons. Le temps semble suspendu quand on se retrouve dans les lieux où ils ont vécu dans de moments horribles, la guerre a duré six années, mais si par exemple ici Anna n’a vécu que quelques mois en camps, ils paraissent si démesurément long. Les souffrances, les peines, les peurs endurées ont prolongé ce temps qui aura paru durer des années. Chaque moment de ce qu’elle a vécu, la résistance, se cacher, la fuite, la déportation, l’attente, le retour, les incertitudes et les réactions des gens, tout cela sommairement schématisé et ainsi proposé, chaque moment aura pris des dimensions temporelles qui l’auront marqué au plus profond d’elle.

Pour conclure, si vous appréciez lire les récits sur cette période historique, n’hésitez pas à vous lancer dans cette duologie. Elle comporte bien des faits historiques qui rythment un récit qu’il est impossible à lâcher, même que on a le coeur qui palpite face à la peur, la tristesse ou encore la colère que l’on éprouve à la lecture du récit.

A la fin de ma lecture, j’ai lu les remerciements, je les lis toujours et je suis ravie de savoir qu’il y aura une autre série sur la même période. Je la lirai, sans aucun doute pour continuer à découvrir ses romans et cette période que nous conte si bien Deborah Hernould.

Les larmes d’Auschwitz #2 Pitchipoï
De Deborah Hernould
Editions Poussière de Lune
Broché 324 pages
Sortie le 16/11/2019

pcc


Série Les larmes d’Auschwitz (2 tomes) : 
Tome 1 : Résistance (07/02/2019)
Tome 2 : Pitchipoï (16/11/2019)

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Retrouvez le spin-off, sur le personnage d’Adam (en deux tomes).

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