Dissidentes, Livre 1 – Tosca Noury

Résumé de l’éditeur :
Il y a trente ans, une maladie a drastiquement diminué le nombre de naissances féminines et a entrainé le pays dans le chaos. Depuis, l’état d’urgence démographique a été déclaré, et la milice au pouvoir a instauré un régime asservissant les femmes. Jo, 18 ans, est en fuite depuis qu’un nouveau décret oblige les filles de plus de 15 ans à rejoindre les Centres de Natalité, dont personne n’est jamais ressorti. Traquée, elle se fait passer pour un homme, efface son identité, espérant rejoindre la Scandinavie. Sauf que le plan ne se déroule pas comme prévu. Pour passer la frontière, elle est obligée de s’allier à Edgar, qui a vécu toute sa vie en autarcie, ignorant tout du monde extérieur. D’autant que celui-ci a la fâcheuse manie d’attirer des fugitifs dans leur périple. Aculés, ils risquent alors le tout pour le tout, ensemble.
Une dystopie haletante en deux tomes, entre La Servante écarlate et The Last of Us.

J’adore lire des dystopies donc quand j’en vois une qui sort, j’ai franchement du mal à y résister ! Non seulement je l’achète vite mais je la lis aussi dans la foulée, trop contente d’en avoir une à lire. En effet, les dystopies à contrario d’autres genres très populaires, ne courent pas les rues et pourtant c’est tellement bien d’en lire.

Cette dystopie nous est proposée sous un format duologie, le format à mon sens le plus intéressant pour ce type de roman, ni trop court, ni trop long. On le découvre d’abord à travers sa couverture que je trouve très belle, elle est très attractive avec son héroïne qui semble décidée mais qui ne sourit pas, sur un fond qui la met en valeur. Le livre se part d’un jaspage, le rendu est vraiment superbe, il attire le regard et donne envie d’être lu.

Que nous propose cette dystopie ? Intéressons-nous d’abord au contexte. Voilà des années qu’a eu lieu une épidémie, mettant à mal la natalité féminine, qui a fortement chuté, mettant ainsi à mal la démographie du monde. Face à cet effondrement, les états ont commencé à mettre en place des dispositions pour contrer ce fait, nous aurons l’occasion de découvrir l’évolution de ces conditions et de la société dans laquelle les personnages vivront. La femme perd tous ses droits et devient un objet, un incubateur reproductif qui n’a pas voix au chapitre, elle est enrôlée dès son plus jeune âge pour porter des enfants.

Les dystopies abordent l’effondrement d’un système sociétaire, occasionnant la naissance de castes, de personnes au pouvoir qui régit la vie des autres mais sans qu’il n’y ait eu d’élections, la démocratie n’a plus lieu d’être. Souvent, c’est la condition féminine qui subit le plus les bouleversements liés à la situation. Nous découvrirons tout cela au côté de Jo, elle a dix-huit ans et elle fuit depuis l’âge de 15 ans, cet âge fatidique où les jeunes filles doivent servir la cause et incorporer des centres de natalité, desquels on sait peu de choses, sauf que l’on ne revoit jamais celles qui y entrent. Elle se fait passer pour un homme, survie seule dans son camping car et à pour but de traverses la France pour rejoindre la Scandinavie, un pays qui se dit prêt à accueillir les femmes en fuite. Jo est déterminée, combattive, très solitaire par la force des choses et elle n’a pas froid aux yeux, c’est une figure féminine qui va se révéler à nous tout du long du récit.

C’est alors qu’elle fuit qu’elle va rencontrer un jeune homme de son âge, Edgard, qui par la particularité de vie qu’il a mené, formera un contraste certain avec elle. Edgard a grandit depuis toujours en autarcie, loin de la société, isolé dans une ferme où il n’a jamais rien reçu ce qu’était le monde. Il va s’enfuir et c’est alors qu’il sera confronté à ce qu’est cette société détruite et en guerre, car c’est bien la guerre qui sévit dans les rues. Comme je le disais le contraste est marquant entre ces deux personnages, elle la battante, lui l’innocent qui se retrouve du coup en danger à cause de son innocence ! Une idée fort intéressante qui nous permettra alors de découvrir tant de points importants de ce récit. Edgard est jeune, naïf, sensible et innocent, un ensemble explosif pour cette société. Mais il sera aussi attisé par cette envie de comprendre ce qu’il en est, il a été élevé par son grand-père, un personnage important de l’histoire et il voudra connaitre la vérité sur son histoire.

Tous deux vont être amenés à parcourir un bout de chemin ensemble, ce n’est pas ce qu’il était prévu, Jo était censé l’utiliser et le lâcher, continuer seule. Mais ils vont rester ensemble et rencontrer d’autres jeunes comme eux qui représentent plusieurs groupes de rébellion. Qui dit société de dictature, dit rébellion et c’est à leurs côtés que nous allons cheminer tout du long. On découvre ainsi de multiples personnalités qui nous permettent plus encore de comprendre ce monde et ce qu’il s’est passé. Tout du long, nous n’avons de cesse d’obtenir des informations à la fois sur le présent mais aussi sur ce passé qui l’a engendré. Les personnages rencontrés seront-ils des alliés, des ennemies, des traites ? La question se pose tout le temps, on ne sait pas en qui avoir confiance, ce qui exacerbe encore plus les émotions éprouvées.

C’est un récit passionnant où il y aurait tant à dire, on aimerait pouvoir pointer du doigt tel ou tel fait, pour vous dire qu’il est traité et qu’il apporte tant à l’histoire mais cela vous en révélerait trop sur l’histoire. On peut toutefois insister sur quelques points, déjà l’importance de la condition féminine qui rend l’histoire tellement passionnante ! on s’insurge forcément puisque tous les droits des femmes sont bannis et qu’elles n’ont plus aucune possibilité de vivre comme elles vivaient avant. Les hommes ont le pouvoir, les hommes dirigent ce monde et elles leur servent à mener à bien cette mission, point. En tant que femme, on se sent forcément touchées en plein coeur par ces conditions de vie et nous avons à coeur d’accompagner les personnages qui tentent de survivre dans cette société.

Les personnages sont jeunes et si leur vie est un combat de chaque instant, ils éprouvent aussi des sentiments. Ils s’attachent, ils aiment, ils tentent de profiter de ce petit instant qui peut leur être offert de se rapprocher de quelqu’un d’autre, que cela soit une amitié, une attirance ou encore un amour. Tout cela nous est conté à travers ces personnages, nous les rendant plus attachants encore, tant que l’on a peur qu’il leur arrive quelque chose puisqu’à leurs côtés, nous étions bien installés. Jo si solitaire, se verra sensible à la compagnie de ceux qui vont l’accompagner, Edgard prendra une place importante à ses côtés mais tout cela se passera en temps voulu et sans précipitation. Ils ont tant à faire et à apprendre, que le récit ne leur laisse que peu de temps pour s’émouvoir.

La façon dont est régi ce monde, par des hommes nous dévoile tant sur l’équilibre précaire que des années, voir des siècles d’évolution ont mis en place. Il suffit de peu pour que tout s’effondre. À travers plusieurs générations nous sera conté cette évolution. Edgard, Jo et leurs compagnons sont jeunes, mais à grâce à d’autres personnages, les ainés, nous pourrons en apprendre davantage encore sur tout ce qu’ils ne savent pas. Il a tant à comprendre, tant à découvrir que l’on est happé par l’ensemble.

En conclusion, je peux dire que j’ai adoré ce premier tome. Il s’y passe tant de choses, on découvre tant de personnages mais aussi d’histoires qui se rattachent à eux. Chacun d’eux nous permet d’en apprendre plus sur cette société, en découvrant les différents groupes et en reliant toutes les informations que tous possèdent. Le récit est palpitant, on ne s’y ennuie pas un seul instant et il répond aux codes du genre avec brio.