Le tatoueur d’Auschwitz – Heather Morris

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Résumé de l’éditeur :
L’histoire vraie de Lale Solokov, Juif chargé de tatouer les femmes arrivant à Auschwitz. C’est ainsi qu’il rencontre Gita et en tombe amoureux. Ensemble, ils partagent des moments volés au coeur de l’horreur, sans jamais perdre l’espoir d’être réunis à leur sortie du camp.
Sous un ciel de plomb, des prisonniers défilent du camp d’Auschwitz. Bientôt, ils ne seront plus que des numéros tatoués sur le bras. C’est Lale, un déporté, qui est chargé de cette sinistre tâche. Il travaille le regard rivé au sol pour éviter de voir la douleur dans les yeux de ceux qu’il marque à jamais.
Un jour , pourtant, il lève les yeux sur Gita et la jeune femme devient sa lumière dans ce monde d’une noirceur infinie….

 ★ Merci aux Editions J’ai Lu pour ce SP ★

☆ AVIS DE BELI ☆

En lisant ce livre, on ne se plonge pas seulement dans une période et dans un lieu évocateurs d’horreur, mais on est propulsé dans la vie d’un homme, d’une femme et de bien d’autres qui ont vécu des atrocités pendant la guerre, et qui ont lutté pour rester en vie. Ce livre est une histoire vraie et elle en est que plus percutante encore et c’est parfois difficile de réagir dans une chronique sur ce que des personnes ont réellement vécu. Je reste toujours aussi sensible face à ce type de récits, cette période me passionne car elle est vecteur de tant de messages et je fais parti de ces gens qui ne souhaitent pas que la mémoire de ces moments ne s’évanouissent dans l’oubli. Alors pour moi, je trouve important de lire ces récits, et pour la génération de mes enfants qui n’auront bientôt plus personne pour leur raconter de vive voix ce qu’ils ont vécu, je raconte.

Le Tatoueur d’Auschwitz a cette particularité de mener la grande majorité de son récit au coeur même des camps de concentration. Le récit débute en 1942 et nous allons y suivre Ludwig Eisenberg que nous connaitrons sous le nom de Lale, cet homme de famille juive qui est monté dans un train pour répondre à la demande de son gouvernement slovaque et préserver son frère, premier de la fratrie qui était père. C’est aussi une autre juive, une jeune femme qui a été elle aussi déportée, Gita, qui deviendra celle pour qui il est prêt à tout que nous pourrons découvrir. Ils se sont donc connus au coeur du camps d’Auschwitz, alors que Lale doit tatouer tous les déportés de ces fameux numéros d’identification. Il aura suffit d’une rencontre rapide, pour que leurs destins soient tous deux scellés, et Lale fera tout pour la revoir à partir d’un simple numéro. Il y a d’ailleurs tout une symbolique autour de ce numéro et de la perte d’identité, qui est très importante dans le récit. La jeune femme ne voulant pas lui dévoiler son identité complète, ni grand chose sur elle, cela reste très mystérieux, mais c’est aussi révélateur de cette perte d’identité que les déportés ont pu éprouver quand ils ont vécu ces années de déportation, dans des conditions inhumaines.

Le Tatoueur, c’est la fonction de Lale, une fonction ingrate, horrible même puisqu’en le faisant il commet un acte qui va dans le sens de la barbarie des nazis. Il tient ainsi une place importante au sein du camp, sa position est protégée et il a donc certains avantages : un couchage et une pièce pour lui, tandis que les autres sont dans des baraquements, des portions supplémentaires de repas et la possibilité d’être « protégé » et de pouvoir se déplacer comme il le souhaite. Tous ces avantages le mettent aussi en première ligne de ceux et celles qui ne supporteraient pas qu’il est plus qu’eux, mais Lale saura faire bon usage de ce qui lui est offert. C’est ainsi que nous découvrons ce personnage, qui a cette part en lui d’optimiste qui parait à toutes épreuves, il prend les choses comme elles se présentent, tente des approches qui en feraient frissonner plus d’un. C’est un peu comme si, en s’adressant à ceux « au dessus » de lui, il arrivait à savoir si telle ou telle personne allait oui ou non le trahir, c’est un homme qui a du culot, du courage et qui est pourvu d’une grande générosité.

Son histoire nous sera contée à travers ces quelques années de déportations, où nous suivrons quel fut le chemin qu’il va emprunter pour rester en vie. Dans son sillage, il a entrainé quelques personnages que nous découvrirons, Gita bien entendu, celle pour qui il a eu un coup de foudre, alors même qu’ils vivaient dans des conditions déplorables avec cette peur constante de mourir. Leur histoire parait tellement insolite au coeur de ces lieux, et pourtant leur amour va naitre, s’épanouir, et c’est aussi cela qui leur permettra de survivre et de croire en des lendemains heureux. Lale en aidant bon nombre de personnes, va nous permettre de les connaitre, de comprendre comment ils sont arrivés ici, qu’ils soient juifs, tziganes, polonais, russes… déportés, travailleurs, SS… bien des personnalités différentes et dans des conditions différentes, elles aussi, qui nous ouvrent l’esprit sur tout ce qu’il a fait.

Lale a choisit de garder ce rôle de tatoueur, pour survivre et par ce biais d’aider les autres, c’est une preuve de courage et de grande générosité, et pourtant il a du faire face à bien des sentiments contradictoires vis à vis de ses choix, lutter contre sa propre conscience d’être au service de l’ennemi. Le sentiment de culpabilité qui a été évoqué par sa personne et d’autres ne devrait pas être, beaucoup de déportés ont agi comme ils ont pu pour rester en vie. On a pu constater lors de nombreux témoignages que l’égoïsme a pu être un moyen de survivre, oubliant les autres, ne pensant qu’à soi, ici je ne trouve pas que l’on ait eu à faire à ce sentiment avec ce personnage. Au contraire tout du long, Lale reste ce jeune homme qui n’a pas cessé de partager et de prendre des risques pour les autres, et cela fait de lui en quelque sorte, un héros, un être admirable qui aurait pu profiter de ses « avantages » pour lui seul, mais qui a pris le risque d’en faire profiter d’autres. C’était d’ailleurs très risqué, car n’importe qui aurait pu le dénoncer, on a eu à faire ici, à cette part de solidarité qui a pu avoir lieu, au contraire de l’égoïsme dans les camps. Une générosité, qui rappelle à quel point l’humanité des déportés est à ce point importante, quand on constate à quel point leurs tortionnaires en étaient dépourvus.

Ce roman, car c’est bien d’un roman qu’il s’agit, a d’abord été pensé comme un scénario, pour une possible adaptation à l’écran. Puis l’auteure s’est laissé convaincre de le transformer en roman, en livre pour qu’il soit lu. On ressent toutefois l’importance du passage par le scénario lors de la lecture du texte, et j’ai trouvé cela très intéressant. J’ai trouvé que les faits, les actions, les scènes étaient décrites de façon à pouvoir bien les mettre en scène dans notre imagination et j’ai vraiment eu l’impression de voir l’ensemble se mettre en branle au fil de ma lecture. Les détails nous permettent de ressentir les sensations éprouvées, celle du froid, de la douleur, de la souffrance, de la faim tout comme celles liées aux émotions, de la peur, de la colère, de la peine et bien d’autres encore. Tout est parfaitement bien décrit pour que l’on est cette sensation d’y être, autant que se peut bien entendu.

C’est encore une fois un de ces livres qui restera un témoignage poignant de ce qu’ont vécu les déportés pendant la seconde guerre mondiale. Lale a certes eu le flair pour vivre ces moments plus « facilement » que d’autres, mais en disant cela j’ai l’impression de minimiser son expérience, mais ce n’est absolument pas le cas car il a vécu tout comme les autres dans la peur constante, et face à la mort, qui s’est présentée à lui de bien des façons. Ses accès a bien des lieux, l’auront confronté à tant d’horreurs commises par les SS, on ressent alors plus le temps passé, son optimisme du début qui paraissait sans faille, s’étioler ! La seule chose qui le raccroche à la vie, chaque instant, c’est elle, celle qu’il aime, celle avec qui il veut vivre après. Son récit est très intéressant, parce que cet homme vit ses instants en nous transmettant des messages, de très beaux messages d’amour, de soutien, de lutte et nous confronte ainsi à l’immondice de tout ce qui a été commis pendant cette guerre.

A la fin du livre, il y a différentes parties qu’il faut lire pour comprendre de quelles façons ce livre a été conçu. Il y a une intervention émouvante du fils de Lale et Gita, qui nous parle de l’amour qu’il éprouvait l’un pour l’autre et du modèle qu’ont été ses parents pour lui. Une déclaration magnifique, éprouvante mais selon moi indispensable à la compréhension de ce qu’ils étaient tous deux. Ils se sont battus par amour, et ont vécu de cet amour par la suite. Ce livre avec son récit, ses compléments est très beau, touchant bien entendu, et assez marquant.

L’auteure a écrit un autre livre, qui nous conte l’histoire de Cilka que nous avons rencontré ici même alors qu’elle était déportée à Auschwitz. La tournure qu’a pris sa vie après cette déportation m’a surprise et j’ai trouvé cela très injuste, avec les informations dévoilées dans ce livre. Je suis très curieuse de le lire aussi, pour savoir comment elle s’en est sortie.
Le voyage de Cilka sort le 14/04/2021 aux Editions Charleston.

Le tatoueur d’Auschwitz
De Heather Morris
Editions J’ai Lu
Poche 319 pages
Sortie le 06/01/2021


Retrouver la trilogie autour de ce premier roman.
#1 : Le tatoueur d’Auschwitz (Broché , poche 06/01/2021)
#2 : Le voyage de Cilka (Broché 14/04/2021, poche 09/02/2022)
#3 : Les soeurs d’Auschwitz ( Broché 09/02/2022, poche 04/01/2023)

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2 réflexions sur “Le tatoueur d’Auschwitz – Heather Morris

  1. Soraya 2107 dit :

    Je viens de le finir, ma sœur me l’a prêter. J’ai beaucoup aimer….une histoire vraiment bouleversante. Merci beaucoup pour ton avis

    • Beli dit :

      Merci pour ton commentaire ! Il faut que tu lise Le voyage de Cilka du coup. Bon peut être après une pause avec quelque chose de plus léger.

Répondre à Soraya 2107 Annuler la réponse.

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